Pour certains de ses proches - qui commentent sous couvert d'anonymat - il ne fait aucun doute que le désir de revenir en pleine lumière est dans le paysage mental de Nicolas Sarkozy. "Il a le virus (de la politique) depuis l'âge de 17 ans", observe l'un. "D'ailleurs il part de l'Élysée à l'âge où Hollande y entre. Ça laisse du champ." "Il ne sait faire que ça !" renchérit un autre. La volonté de gagner beaucoup d'argent qui lui est prêtée ? "S'il voulait faire du fric, il l'aurait fait après 1995, pendant sa traversée du désert, après la grande claque de l'échec de Balladur", observe un élu qui était auprès de lui pendant ces années de vaches maigres. "La politique, c'est sa vie, son truc, et en plus il y est très bon."
Dès le 10 mai, Roselyne Bachelot, qui fut sa ministre, tranchait : "Nicolas Sarkozy, arrêter la politique ? Même pas en rêve !" car "quand on ne s'occupe pas de politique, on ne s'occupe de rien" (dixit Démosthène). Voilà pour la volonté. Reste la possibilité d'un retour. "Il ne s'est pas fermé la route, ayant plutôt réussi sa sortie", relève le politologue Emmanuel Rivière, de TNS-Sofres. D'abord parce que "sa campagne lui a permis de redorer son image. Ensuite parce que sa défaite a été honorable. Enfin parce que son apparition télévisée au soir du 6 mai a été une réussite."
Une perspective qui ne peut être immédiate
Nicolas Sarkozy avait prononcé un discours pesé. Certes il assurait qu'"une autre époque s'ouvre", "je m'apprête à redevenir un Français parmi les Français". Mais sans aller jusqu'à l'engagement de Lionel Jospin au soir du 21 avril 2002 : "J'en tire les conséquences en me retirant de la vie politique." Formule qui a lesté l'ex-Premier ministre quand il avait fait un tour de piste pour les primaires PS en 2006.Des sources proches de l'ancien président racontent : le 6 mai à 17 heures, il se sait battu et prépare son discours. Il le lit à son entourage. Son ministre Alain Juppé, mais aussi son conseiller Patrick Buisson lui conseillent avec force d'enlever le mot "jamais". Frappé par l'accord des deux hommes d'ordinaire opposés, Nicolas Sarkozy obtempère. Le discours est expurgé.
Fin juin, sa "cote d'avenir" était mesurée à 28 % par la Sofres. Tout sauf une sanction, puisque seuls une dizaine de responsables politiques passent les 30 %. Un sondage Ifop a montré que 53 % des sympathisants UMP placent en lui leurs espoirs élyséens. Une perspective qui ne peut pas être immédiate, selon tous les proches interrogés. Et qui sera des plus difficiles. Giscard d'Estaing n'a jamais trouvé la voie de passage, Jospin a trouvé porte close.
Le 13 août, le politologue Thomas Guénolé égrenait dans Le Monde pas moins de huit conditions pour une nouvelle candidature sarkozyste : marasme économique persistant en 2016, calendrier judiciaire éclairci, un président de l'UMP ne prenant pas tout l'espace. De ce point de vue, l'hypothèse Copé - plus jeune, encore premier-ministrable - à la tête du parti serait plus favorable à Nicolas Sarkozy que Fillon. Et enfin le désir. "On imagine difficilement que l'envie de revanche ne le tenaille pas", concluait ce chercheur.
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