TOUT EST DIT

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lundi 13 août 2012

Derrière les mots du discours de François Hollande, le manque de style du Président

La Présidence de la République a rendu public samedi le texte du discours funèbre de François Hollande lors des obsèques du major Franck Bouzet, mort au combat en Afghanistan. Il n'est pas interdit de corriger son inspiration ni surtout sa formulation afin que la plume du président, la prochaine fois, soit trempée dans une encre plus fluide.
NB : Les corrections sont entre crochets.
Madame et Messieurs les ministres,
etc
Une fois encore, la Nation se retrouve autour du cercueil de l'un de ses soldats, l'un des plus méritants de ses soldats.
[Cette mention, pour sympathique qu'elle paraisse, est à la fois démagogique et idiote, parce qu'on n'imagine pas que le moins méritant de nos soldats puisse n'avoir droit qu'à un éloge funèbre au rabais. Donc, tous les soldats morts au combat sont méritants par définition et au même degré . Le chef des Armées devrait le savoir.]
Ce qui nous réunit ce matin encore, c'est la douleur. C'est la peine, c'est la solidarité.
[On se demande ce que la solidarité vient faire ici. Il veut sans doute parler de compassion.
Mais ce qui nous rassemble aussi, en cet instant, c'est la fierté, c'est la gratitude, c'est l'admiration.]

Major Franck BOUZET,
C'est à vous que je m'adresse, au-delà de la mort, qui nous sépare.
[Ici le Président rate une belle occasion de dire que la mort réunit plutôt qu'elle ne sépare, qu'elle rassemble les hommes autour de valeurs d'honneur, de service etc, ce qui est d'ailleurs le sujet du paragraphe suivant. La mort qui nous sépare, c'est à la fois une évidence et une incongruité.]
Vous aviez choisi de faire de votre vie un engagement pour la France. Vous aviez rejoint l'armée à l'âge de 18 ans. Et d'emblée, vous vous étiez tourné vers les chasseurs alpins, ces troupes d'élite, ces troupes de montagne, que je salue ici, à Varces, et dont la persévérance, le panache et l'héroïsme, sont reconnus par tous nos compatriotes.
[Merci Sully Prudhomme.]
Je rappelle que trois bataillons de chasseurs alpins ont payé un lourd tribut aux opérations alliées en Afghanistan.
[Merci aux fiches de mon chef de Cabinet. Mentionnons le cliché "lourd tribut", qui sort du journal de 20 heures ou semble calibré pour y entrer tout de suite.]

Major Franck BOUZET,
Vous avez participé à de nombreuses opérations extérieures : en ex-Yougoslavie, au Kosovo, en Côte d'Ivoire et en Afghanistan, où vous aviez déjà combattu une première fois en 2011.
Partout, sur ces théâtres d'opération où la France défend l'idée qu'elle se fait d'elle-même
[alors là on est stupéfait, c'est reprendre l'argument de ses détracteurs, il aurait mieux valu dire qu'elle défendait une idée de l'homme, de la dignité des peuples, etc, mais envoyer des centaines de tonnes de matériel et des milliers d'hommes à l'étranger pour parfaire son autoportrait à la face du monde, c'est n'importe quoi, et le New York Times ne va pas nous rater], partout, vos supérieurs, vos camarades ont relevé vos très grandes qualités humaines et professionnelles, votre sens du devoir, votre bravoure, et votre sérénité que vous saviez garder en toutes circonstances.
Partout, vous donniez l'image de n'avoir pas conscience [l'impression de n'avoir pas conscience, ou l'image d'un homme qui n'a pas conscience] de vos [ses] excellentes et belles vertus, tant elles vous étaient naturelles.
En revenant, en mai 2012, sur le territoire afghan, vous saviez, mieux que quiconque, ce que sont le risque du combat, la présence du danger et l'exigence du métier des armes.
Depuis trois mois, vous étiez l'un des conseillers militaires français placés auprès des forces afghanes en Kapisa.
C'était votre mission, celle que la République vous avait mandatée [ouille! est-on bien sûr que l'on puisse mandater une mission? Il est permis d'en douter fortement, nous le vérifierons] et que vous meniez avec courage et efficacité.
Vous vous êtes dévoué pour la patrie.
Vous êtes mort pour elle.
Au matin du mardi 7 août, à proximité du pont de Tagab, vous avez été blessé lors d'un accrochage, dans l'accomplissement de votre devoir. Vous avez pu être rapidement évacué vers l'hôpital de Kaboul mais peu de temps après, vous avez succombé à vos blessures.

Mesdames et Messieurs,
Dans quelques instants, je remettrai, au nom de la République, les insignes de chevalier de la légion d'honneur au major Franck BOUZET.
Je tiens à associer à son souvenir un autre nom. Celui de l'infirmier Olivier de VERGNETTE, qui a été blessé en s'élançant sous les tirs pour prodiguer au Major les premiers soins. Nous n'oublierons pas cet exemple non plus : celui d'un soldat prêt à sacrifier sa vie pour en préserver une autre.
Cette générosité n'aura hélas, pu sauver Franck BOUZET. Ce sous-officier de 45 ans rejoint désormais la longue et glorieuse cohorte de nos hommes morts au champ d'honneur.
Son nom porte à 88 le nombre de militaires français tombés en Afghanistan depuis 2001.

Je me tourne vers Sylvie, son épouse, vers ses trois enfants, Vanessa, Cynthia, Charles. Je sais toute la part qu'ils ont prise à l'engagement de leur mari, de leur père. Je mesure leur peine aujourd'hui, celle aussi de la mère du Major, Françoise VI CENTE comme celle de toute sa famille.
Je sais qu'accepter qu'un proche revête l'uniforme militaire, c'est consentir soi-même à en subir un jour les conséquences les plus douloureuses. Et pour autant la peine parait inextinguible, comment l'étancher malgré tous les discours qui peuvent être prononcés ? [C'est sans doute ici que l'insuffisance de la "Plume du Président" est la plus criante. Une peine est généralement insurmontable au lieu d'être inextinguible mais passons. Quant à l'étancher, le verbe s'applique aux larmes ou à la soif, mais pas à la peine, car elle n'est pas liquide. Quant à la conclusion de la phrase, la mention "malgré tous les discours" suffisait amplement, rajouter "qui peuvent être prononcés" c'est grotesque.]
Je veux, à travers cette cérémonie, leur dire que c'est toute la Nation qui est rassemblée autour d'eux, autour de leur famille et que, Franck BOUZET restera un exemple, celui d'un homme, d'un soldat, qui au nom d'un idéal, sacrifie sa propre existence. [Déjà dit à propos de l'infirmier]
La France se bat, non pas pour son influence dans le monde, non pas pour ses intérêts, mais au nom de valeurs et de principes.
C'était le sens de la présence de la France [de sa présence] en Afghanistan.
Elle avait été décidée au lendemain de l'attaque terroriste du 11 septembre 2001 qui avait frappé les Etats-Unis d'Amérique. Elle avait été autorisée par le conseil de sécurité de l'ONU et dans le cadre d'une large alliance pour la mettre en œuvre.
Il s'agissait à l'époque d'en terminer avec un régime lié à Al Quaïda et qui abritait Ben Laden. A l'égard de forces obscures qui menaçaient la sécurité du monde. [Nous voilà dans The Avengers]
Nous avions un but, un seul : permettre aux Afghans de prendre souverainement en charge leur propre destinée. [De devenir les auteurs de leur destin, en somme et sans amphigouri.]

Cette mission est aujourd'hui accomplie [Hum]. Comme j'en ai pris l'engagement devant les Français [à l'exemple de mon adversaire, qui s'y était engagé aussi pendant la campagne] et en lien étroit avec nos Alliés, en plein accord avec les autorités de l'Afghanistan, le retrait de nos forces combattantes est aujourd'hui en cours. Il sera complet d'ici la fin de l'année et nous passerons le relais aux Afghans eux-mêmes. Notre solidarité prendra une autre forme : celle de la coopération avec un Etat afghan pleinement maître de lui-même.
Le transfert des responsabilités de sécurité en Surobi et en Kapisa a déjà eu lieu. La base militaire de Surobi a été transférée aux Afghans le 31 juillet dernier et les avions de chasse français stationnés à Kandahar ont regagné la France. Au 31 août, dans moins de trois semaines, 650 de nos soldats seront rentrés. Ils seront 2 000 d'ici la fin de l'année.
Nous continuerons à former et à accompagner l'armée afghane, ce que faisait le Major, pour assurer la souveraineté de ce pays. Et nous ferons aussi davantage pour la coopération civile dans le cadre du traité d'amitié entre la France et l'Afghanistan, qui a été ratifié ces dernières semaines par le Parlement français.
Si cette perspective existe, c'est parce que notre armée, par sa constance, par sa vaillance, a été capable de la rendre possible. [Lourdeur puérile, indigne d'un discours officiel à ce niveau de responsabilité.]
En Afghanistan, comme dans d'autres régions du monde, nos soldats se battent pour la paix, se battent pour la stabilité, se battent pour les droits de l'Homme.
Et à chaque fois sous le mandat des Nations Unies.
Cette semaine encore, nos forces déploient un groupement médico-chirurgical dans le nord de la Jordanie. J'en ai ainsi décidé [formulation un peu burlesque qui fait très théâtre d'Alfred Jarry] sur la proposition du ministre de la Défense. Au plus près de la frontière avec la Syrie, pour venir en aide aux réfugiés mais aussi aux combattants qui font face à une répression, menée par un régime qui n'est plus animé que par la seule peur de sa propre fin. [C'est la nature de tous les régimes établis, l'argument est très faible, car il s'applique aussi au gouvernement français quand il est aux abois, nous le verrons peut-être un jour]
C'est un devoir humanitaire que nous poursuivons ainsi mais qui s'ajoute à un soutien à l'opposition syrienne et également à la recherche obstinée d'une transition politique en Syrie. [Lourd et maladroit]

En m'inclinant ce matin devant le cercueil du major Franck BOUZET, je pense à tous ces soldats, connus ou inconnus, qui par leur sacrifice, génération après génération, ont fait de la France ce qu'elle est aujourd'hui.
Le soldat, le sous-officier, que nous honorons ce matin était animé par ce que CLEMENCEAU, au cœur de la Grande guerre, appelait « la force de l'âme française ». La force de la volonté. La force de la liberté. La force de l'émancipation. La force du droit. La force de la démocratie. [Et la force du style, il serait temps de l'invoquer parce que là, le besoin s'en fait nettement sentir, on ne peut pas imaginer d'entrer dans l'histoire de France avec un rapport au verbe aussi approximatif.]
Franck BOUZET était au service de cette force et c'est pourquoi nous ne l'oublierons jamais.

Vive la République !

Vive la France !
[Vive la langue française !]



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