mercredi 9 mai 2012
Une gauche sans contre-pouvoir en France pourrait bien être un désastre européen
Si le Parti socialiste remporte les
élections législatives, il disposera de tous les pouvoirs en France, des
villes à l'Elysée, en passant par le Sénat. Sans contre-pouvoir,
François Hollande serait libre de mener la politique de son choix,
quitte à menacer la fragile stabilité économique de l'Europe.
La victoire de François Hollande n’est
pas une victoire aussi franche et enthousiaste que celle de son
prédécesseur en 2007. Le vote blanc prend d’ailleurs de l’ampleur avec
plus de 2,1 millions de bulletins nuls ou blancs. Pour autant,
la gauche est en passe d’avoir les pleins pouvoirs à tous les niveaux de
décision, des villes à l’Elysée en passant par les territoires, le
sénat et en juin, comme c’est probable, l’assemblée nationale.
L’arrivée d’un socialiste à l’Elysée consacre néanmoins 5 années de
reconquête des territoires. Comme lors de la victoire des municipales de
2008, des européennes de 2009, des régionales de 2010 et des
sénatoriales de 2011, le succès repose sur un vote de dépit et non
d’adhésion.
L’absence de contrepouvoirs à la
présidence de François Hollande plonge non seulement la France dans une
zone à risque, mais aussi l’Europe. La presse s’est moquée de
l’hyper présidence de son prédécesseur. Mais François Hollande sera
demain un président sans aucune opposition, à aucun niveau.
Aucune figure socialiste n’osera lui opposer une contradiction ferme ces
prochaines années. La seule opposition interne sera celle de l’extrême
gauche, verts et communistes, qui continuent (hélas) à nourrir le
terreau de la gauche dans sa diversité. Le débat risque donc de se
réduire à une surenchère gauchiste, et d’éloigner le PS de son ambition
de recentrage vers la ligne sociale libérale prônée notamment par Manuel
Valls ainsi que les Strauss-Kahniens dépités.
Quel
sera le poids de cette extrême gauche dont le PS se sert comme d’une
voiture balais depuis toujours ? Mitterrand a su faire taire le PCF des
grandes années, mais c’était un vieux parti d’après-guerre, fatigué et
usé. Les verts et le front de gauche sont au contraire jeunes et portés
par la dynamique de la crise. Qui l’emportera du camp
Valls/Mosco/Cahuzac ou du camp Hamon/Montebourg/Aubry ? Au mieux, Hollande
risque de faire ce que Chirac a longtemps fait, c’est à dire rien en
attendant que les marchés signent la fin de la récré (ce qui ne saurait
tarder).
La politique d’augmentation de
la pression fiscale et de la dépense publique de Hollande menace de
déstabiliser l’Europe en s’imposant à contrecourant du reste du
continent. Longtemps amarrée à l’Allemagne, la France s’est déjà
lentement détachée de ce roc sous l’effet de la politique brouillonne et
incohérente de Nicolas Sarkozy. Avec l’accélération de la crise des
dettes souveraines, la France risque de se détacher plus nettement de
l’Europe du Nord, et d’entrainer dans son sillage des pans entiers de la
construction européenne. Elle risque aussi de donner des ailes aux
partis socialistes et travaillistes européens, et de diffuser partout
cette vision rétrograde de l’économie et du monde.
La
gauche n’a pas gagné par son talent, mais parce que la droite était
encore plus mauvaise qu’elle. La raison, c’est que le centre et la
droite ont perdu leur boussole depuis la création de l’UMP en 2002.
En reprenant tous les leviers de commandement sur cette partie de
l’échiquier, les anciens du RPR ont asséché les idées et bloqué le
renouvellement générationnel de leur camp. Le signal le plus clair de
cette sclérose, c’est l’extinction des voix libérales qui avaient tant
dynamisé cette famille jusque là. La défaite de l’UMP aux législatives
marquera la fin de cette construction monstrueuse qui ne pouvait mener
qu’à l’échec.
Il est temps pour les libéraux de
reprendre leur indépendance de cette droite monolithique. Il est temps
pour les libéraux de reconstruire non pas le projet d’un seul homme
selon la tradition de l’UMP-RPR, mais celui d’une famille rassemblée
autour de valeurs et ouverte au débat d’idées en France et en Europe.
C’est l’ambition du Parti Libéral Démocrate. C’est celle de nos
candidats qui poseront la première pierre de cet édifice en faisant la
promotion auprès de leurs électeurs de la liberté. Liberté sans laquelle
la prospérité et le bonheur ne peuvent exister.
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