TOUT EST DIT

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lundi 28 mai 2012

Agir maintenant contre Assad 


Les massacres perpétrés dans la ville d'Houla, marqués par la mort de ces dizaines d'enfants, constituent-ils « le crime de trop » pour le régime Assad ? Ou l'indignation de la communauté internationale se limitera-t-elle, une fois encore, à des « paroles verbales » ?
Jusqu'à présent, le plan Kofi Annan n'a été qu'un piètre alibi masquant les divisions et les hésitations de la communauté internationale. Ayant perdu le privilège de l'ignorance, elle ne peut pas faire comme si elle ne savait pas ce qui se passe sur le terrain, mais elle ne veut, à aucun prix, une répétition du scénario libyen. Si les mêmes causes produisaient les mêmes effets, l'intervention en Syrie aurait dû se produire il y a plus d'un an, sur le modèle des attaques aériennes contre les troupes de Kadhafi. Après tout, un régime n'est-il pas en train de massacrer impunément son peuple ?
En réalité, c'est bien le précédent libyen qui constitue le principal obstacle à un engagement de la communauté internationale en Syrie. Dans l'offensive contre Tripoli, la Russie s'est sentie flouée par une communauté occidentale emmenée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne pour qui arrêt du massacre des civils et renversement du régime en place allaient de pair.
À l'époque, Poutine n'était officiellement que Premier ministre et Medvedev était au sommet du pouvoir au Kremlin. Redevenu numéro un en titre, Poutine veut faire entendre sa différence. Son message de défiance, auquel s'est ralliée, avec plus de distance, la Chine, bloque toute possibilité de résolution sérieuse du Conseil de sécurité contre le régime d'Assad. Une fois de plus, légalité et légitimité s'opposent. Ce qui serait légitime - une intervention - ne serait pas légal. Et rester dans le champ strict de la légalité - ce qui revient, en réalité, à laisser les Syriens à leur sort tragique - n'est pas légitime au regard du devoir de protection des peuples.
Que faire donc ? Pourquoi ne pas profiter de l'indignation suscitée par les images des massacres d'enfants pour mettre la pression sur la Russie et la Chine afin qu'elles n'exercent plus leur pouvoir de veto au Conseil de sécurité ? Leur tenir ce discours : « Que voulez-vous, en échange, pour adopter une attitude qui ne vous isole plus à ce point sur la scène internationale ? Le régime Assad est condamné, il a lui-même creusé sa tombe par l'excès de ses crimes. Pourquoi le soutenir encore ? Pour montrer que votre valeur de nuisance est incontournable ? Le monde arabe ne vous suit pas dans cette politique cynique et irréaliste. »

En tout état de cause, renforcer les sanctions contre le régime Assad est une première étape nécessaire. Armer ouvertement l'opposition syrienne, tout en offrant un asile au président dictateur et sa famille, constitue une deuxième option. Certes, les divisions au sein du Conseil national syrien sont profondes : la chute du régime pourrait conduire le pays à la fragmentation, sinon au chaos. Mais le statu quo actuel est tout simplement inacceptable. Il constitue le pire des messages aux régimes dictatoriaux du monde entier : « Vous pouvez massacrer impunément vos peuples. Nous sommes trop pris par la résolution de nos propres crises. » Entre l'intervention armée directe et la passivité, il existe des alternatives. Elles doivent toutes être explorées. Maintenant.

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