L'ancien commissaire Robert Broussard, créateur du RAID en 1985,
juge "injustes" les critiques émises au sujet de l'assaut des policiers
contre Mohamed Merah. Il dit sa colère dans un texte transmis à
L'Express.
L'ancien commissaire, créateur du RAID en 1985, s'élève contre les critiques émises depuis jeudi au sujet de l'intervention du RAID à Toulouse.
L'ex-policier, qui a lui-même eu à gérer plusieurs dizaines
d'interventions de ce type ou de prises d'otages entre 1972 et 1986, a
été particulièrement choqué, comme beaucoup de policiers, par les
déclarations de Christian Prouteau, l'ancien patron du GIGN,
l'équivalent du RAID pour la gendarmerie. Interrogé par Ouest-France, Prouteau a notamment déclaré
que cette opération avait été "menée sans schéma tactique précis" ,
s'étonnant notamment de l'absence d'utilisation de gaz lacrymogène.
Dans un texte transmis vendredi après-midi à L'Express, Robert Broussard exprime ainsi sa réaction:
"Comme tout le monde j'ai suivi les différentes phases des
affaires monstrueuses de Montauban et de Toulouse. Du fait de mon passé
policier, j'ai été très sollicité pour intervenir dans les médias. J'ai
refusé pour deux raisons essentielles.
D'une part, je n'ai pas voulu engager une polémique quelconque
avec certains pseudo-experts dont l'expérience et la compétence sont
souvent limitées.
Si je sors de ma réserve aujourd'hui, c'est pour pousser un "coup de gueule" sur deux points:
- Christian Prouteau, l'ancien chef du GIGN, omniprésent dans les médias ces derniers jours, s'est permis de critiquer la conduite des opérations par le RAID. Parler de "stratégie inadaptée ou absente" est à mes yeux une affirmation inacceptable. Prouteau devrait se montrer plus discret. Comme moi, il a passé depuis bien longtemps l'âge de donner son point de vue sur les techniques d'intervention, et de ranimer d'inutiles guerres "police-gendarmerie". Il devrait plutôt s'inspirer des félicitations adressées au RAID par les responsables actuels du GIGN.
- Madame Eva Joly a, elle aussi, fait des déclarations pour le moins surprenantes. L'ancienne magistrate affirme que dans l'affaire de Toulouse, le Ministère de l'intérieur, Claude Guéant, s'est substitué au pouvoir judiciaire. Je me permets de lui conseiller de relire le texte de base en la matière. Il s'agit des instructions signées du Premier ministre Jacques Chirac le 27 septembre 1975 (contresignées par les ministres concernés dont le Garde des sceaux) disant en substance: "... que dans les actes portant gravement atteinte à l'ordre public (Ex. affaire de terrorisme...) les actions à entreprendre, étant donné l'urgence et l'état de nécessité, sont distinctes et prioritaires pendant un certain temps de celles qui incombent à l'autorité judiciaire... et qu'elles relèvent de l'autorité administrative".
A noter que dans cette affaire de Toulouse, l'autorité judiciaire a été semble-t-il pleinement associée dans les conditions prévues dans le texte.
Pour conclure, je dirais qu'en de telles circonstances, les hommes du RAID doivent être soutenus et non critiqués injustement."
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