samedi 24 mars 2012
La fin du deuil
La campagne électorale a repris tous ses droits ; on y parle
d’économie, du rayonnement de la France, de l’espace Schengen, parfois
d’éducation, peu des dettes dans la zone euro. Mais le sujet dominant
est devenu la sécurité. Sous le choc des meurtres de Toulouse et
Montauban, tout le monde avait promis-juré qu’il ne fallait pas
exploiter ces événements à des fins partisanes. Mais en langage
écologique, la récupération bien comprise sert à la valorisation. En
politique aussi. Donc, les premiers meetings après le dénouement
toulousain, et les polémiques médiatiques qui les flanquent, montrent
que les engagements vertueux à ne pas tirer parti du choc collectif
n’engagent que ceux qui y voyaient des promesses.
Tout cela est
humain, car le deuil ne peut s’éterniser quand la campagne se rétrécit à
mesure que le premier tour approche. Du reste, fidèle à sa tradition de
mesure et de raison, la France échappe – heureusement – aux excès
polémiques et aux suspicions extrêmes que les crimes terroristes ont
fait naître dans d’autres pays. Quand une grande partie d’une barrette
de banlieue a explosé, à Moscou, il s’est trouvé de nombreuses voix pour
insinuer que l’attentat était d’origine « officielle », dans le but de
favoriser l’homme fort du pays, Vladimir Poutine. Et il n’est guère
besoin de rappeler que l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, qui
fit près de trois mille morts aux États-Unis, nourrit des théories du
complot dont les auteurs veulent voir dans ce déchaînement de violences
une action commanditée par la Maison Blanche pour avoir le prétexte à
intervenir en Afghanistan et en Irak. Et pour favoriser, là aussi, la
stature d’homme fort du président.
L’épisode de l’incendie du
Reichstag, en 1933 à Berlin, dont les nazis ont imputé la culpabilité
aux communistes allemands, pour amorcer leur répression, a marqué les
esprits mais n’est pas un précédent universel. Ces amalgames aussi sont
simplistes et dangereux. Entre les indécences et l’angélisme qui
voudrait, lui, réduire les drames de Toulouse-Montauban à une équipée
isolée, sans liens ni racines, la vérité a sa place. Celle de périls
réels, qui appellent en réponse plutôt l’unité des démocrates qu’un
comparatif des affiches de fermeté.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire