TOUT EST DIT

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lundi 19 mars 2012

Mélenchon à la Bastille: le révolutionnaire en peau de lapin

Ses propositions correspondent partiellement à une véritable nécessité. Mais le candidat de la Bastille ne propose aucune mesure applicable.

«Résistance, résistance!» criait la foule, «Vite, la VIe République!», «Battre la droite et changer la gauche», «Mélenchon, enfant des lumières, le peuple est avec toi», pouvait-on lire sur des pancartes dans le cortège, composé de jeunes mais surtout d'une majorité de plus de 45 ans, dont certains arboraient des bonnets phrygiens.
Acclamé à son arrivée sur la mini-scène toute blanche et rouge devant l'opéra, le candidat du Front de Gauche à l'Elysée, actuellement crédité de la meilleure dynamique de campagne (TNS-Sofres), a déploré, dans un court discours de près de 25 minutes, une «France défigurée par les inégalités». «Génie de la Bastille qui culmine sur cette place, nous voici de retour, le peuple des révolutions et des rébellions en France. Nous sommes le drapeau rouge!», a-t-il lancé, de sa voix grave de tribun, sous un ciel maussade… »
La démagogie fait recette.
Désolé de décevoir tant de belles joies et tant d’enthousiastes élans républicains: Jean-Luc Mélenchon est un rigolo. Un rigolo de prétoire, un rigolo de JT, un rigolo malin, un rigolo drôle. Mais un candidat dont le programme est un tissu de conneries. On peut admettre le but: faire rendre gorge à la finance, renverser le nouvel Ancien Régime, celui des marchés financiers, OK, c’est populaire, c’est tendance.
Ça correspond même partiellement à une véritable nécessité. Mais le candidat de la Bastille propose-t-il une seule mesure véritablement applicable? Une mesurette qui changerait un tant soit peu la vie pauvrette des millions de citoyens asservis? Que dalle.
Jean-Luc Mélenchon, c’est Hugo Chavez, le président du Venezuela, sans le pétrole. La seule référence correcte qui me vient à l’esprit c’est Alphonse Allais: Jean-Luc Mélenchon nous promet l’eau chaude pour tous mais sans les récipients. Jean-Luc Mélenchon veut par exemple et tout simplement abolir la précarité. C’est Alphonse allais qui annonçait l’extinction du paupérisme à partir de 5 heures du soir.
Les Français adorent commémorer la Révolution de 1789. Abattons la Bastille, renversons l’ancien Régime ! Cette fois-ci les tyrans sont les marchés financiers : coupons leur la tête ! Les citoyens d’abord ! L’humain toujours d’abord ! Jean Luc Mélenchon, l’homme du discours incantatoire rencontre un succès facile.
Mais lisez, dans le détail, son programme. C’est bien simple: on est chez les comiques. En dehors de toutes réalités, dans la déclamation. Rien n’est sérieux. Sauf le rêve. Le smic à 1.700 euros, la retraite à 60 ans à taux plein, des bourses pour tous les jeunes, le remboursement de la santé à 100%, le blocage des loyers et 800.000 embauches dans la fonction publique. Le rêve!
On finance comment? Fieffé réactionnaire qui pose la question! On prendra aux banques, et si elles ne veulent pas on les mettra sous contrôle social, les Soviets en 2012.
Jean-Luc Mélenchon veut créer des millions d’emplois, il en détruirait des millions. Si son programme était appliqué, les couches populaires en souffriraient les premières bien plus que les banquiers qui auraient le temps de déguerpir.
Alors je sais bien, il ne s’agit pas d’un programme de gouvernement. Il s’agit de se faire  plaisir et de raconter des sornettes révolutionnaires. Mais, pour le coup, je trouve que Mélenchon ne va pas assez loin: c’est un révolutionnaire en peau de lapin. Qu’il lise jusqu’au bout Alphonse Allais, il verra «qu’il faut demander plus à l’impôt et moins au contribuable».
Et, encore plus fort, il faut «ne plus travailler le lendemain des jours de repos pour, enfin, vaincre définitivement la fatigue du peuple.»
Sacré Alphonse ! Sacré Jean-Luc!

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