TOUT EST DIT

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mardi 21 février 2012

Le soupçon 

Entendons-nous : rien d’anormal à ce qu’un ancien ministre d’État, redevenu député, cherche à rebondir. Rien de choquant à ce qu’il vise, avec son curriculum vitae, avec sa riche expérience, un rôle dirigeant plutôt que subalterne. Rien d’abusif à ce qu’il fasse jouer ses réseaux, ses amitiés. Chacun fait de même pour ses proches, ses enfants, ses amis, même si ce n’est pas toujours à la même altitude. En revanche, ce qui déconcerte, dans cette manœuvre, hier révélée, qui mettrait Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia, c’est que l’Élysée semble s’être pris pour Pôle Emploi, qu’un grand patron d’EDF semble jouer les chasseurs de têtes pour en faire tomber une et en couronner une autre. Ce qui trouble, c’est que l’homme ainsi pressenti, huit ans ministre, est le président du plus vieux parti de France (le parti radical) et se prépara pendant des mois à l’élection présidentielle. D’où le soupçon. Est-ce là l’indice d’une gratitude du Château pour qui a renoncé à une candidature gênante au centre droit ? Cette idée obéirait-elle à d’autres objectifs que celui de trouver le patron taillé sur mesure pour une entreprise de 315 000 salariés ? Nous ne sommes pas très à l’aise, en France, avec le mélange des genres qui fait d’un politique un grand patron, ou d’un grand patron un politique. Peut-être, là-dessus, pourrait-on évoluer certaines des compétences souhaitées sont évidemment communes. En revanche, ce qui choque dans cet éventuel arrangement, c’est l’idée qu’un fauteuil de patron, en partie contrôlé par l’État, puisse être une monnaie d’échange pour un renoncement ou un ralliement politique. À moins qu’on ne veuille ainsi économiser un scrutin accaparant et coûteux. Recrutons François Hollande à Air France, François Bayrou au Louvre, Eva Joly à Areva, Marine Le Pen à la Française des Jeux et Dominique de Villepin à la Comédie française. Et le combat cessera faute de combattants.

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