TOUT EST DIT

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mardi 17 janvier 2012

Télescopage

S’il fallait se résigner à opposer les règles de l’économie contemporaine à la démocratie, la journée d’hier serait un modèle. Le discours volontiers caricatural d’un Jean-Luc Mélenchon aura eu de quoi faire son miel du galimatias que les agences de notation nous ont imposé. L’une dégrade, l’autre pas. La gauche embraye sur les prévisions de la première, et le surlendemain la droite se surexcite, à la limite, sur la seconde. « Le peuple » n’y comprend rien. La presse fait semblant de trouver un ordre immanent à l’anarchie des analystes financiers mais la plume hésite à se noyer dans les marécages de calculs dérisoires qui lui échappent.

Une seule certitude : ça va mal, comme l’a confessé, à Strasbourg, et le plus gravement du monde, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et toutes les petites manœuvres pour exploiter les oscillations positives ou négatives du désastre n’y pourront rien changer. Que Moody’s et Fitch conservent le triple A deux jours après que Standard & Poor’s l’eut ramené à un simple double (plus) suffit à démontrer l’inanité des spéculations sur ce nouveau symbole qui ridiculise de grandes et vieilles nations au gré de ses humeurs. À quoi bon perdre du temps en vaines conjectures sur ces thermomètres approximatifs quand, de toute façon, il apparaît indiscutable — hélas — que la situation de la France est mauvaise, sinon critique ? Le petit jeu de ping-pong entre le clan Sarkozy et l’équipe Hollande est d’un pathétique navrant. Un président de la République qui refuse de répondre à une question simple sur la première lettre de l’alphabet. Une opposition qui fait semblant de croire, contre toute raison, que le programme du candidat PS est insensible à la crise. Et les amis de l’un qui accusent les amis de l’autre de se réjouir du malheur national… Tant d’intelligence réduite à tant de mesquinerie infantile c’est un spectacle affligeant. Assez ! Quel mépris pour eux-mêmes. Quel mépris pour nous ! Quel mépris à l’égard des électeurs ! Quel cadeau fait aux extrêmes !

Faut-il que les candidats à la présidentielle soient à ce point aveuglés par les lumières du pouvoir pour se ruer comme des affamés vers la sombre pénitence de l’Élysée ? Récupérer une note dégradée pourra prendre dix-quinze ans. De quoi user deux ou trois mandats… et couper l’appétit. Mais non. Il faut croire que les ministères protègent du réel pour rester autant convoités. Hier soir, à l’heure de la rédaction de cet éditorial, mon fils de 17 ans révisait un cours d’économie sur Tocqueville. Je ne sais pas pourquoi, l’ironie du télescopage m’a fait sourire…

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