mardi 17 janvier 2012
Nadine et Marine : Y’a pas photo !
La ministre de l’Apprentissage, Nadine Morano, a illustré une nouvelle fois dimanche combien les dirigeants de l’UMP obéissent toujours servilement au principe dialectique du « pas d’ennemi à gauche », faisant bien mériter à cette formation son surnom d’« UMPS » comme machine à perdre de « la droite piégée », au service idéologiquement et stratégiquement de la gauche.
Lors de l’émission Le Grand Jury-RTL/Le Monde/LCI, si la ministre a réitéré sa charge contre François Hollande qu’elle avait qualifié récemment d’« homme dangereux pour la France », elle a accusé Marine Le Pen d‘être dangereuse « à un degré beaucoup plus élevé que François Hollande ». Selon elle, la vague bleu Marine « c’est cataclysmique pour la France et d’autant plus pour les personnes les plus fragiles et les plus modestes ».
Marine Le Pen « parle de patriotisme, alors que ce n’est pas une patriote, c’est une nationaliste », a tenté d’expliquer sommairement Nadine Morano. Et d’enchaîner pathétiquement : « Ce qui me fait de la peine, c’est le discours qu’elle tient aux ouvriers, elle les berne. Elle leur fait croire que leur niveau de vie va augmenter si elle arrivait au pouvoir, elle leur fait croire qu’en fermant les frontières nous serions plus protégés, elle leur fait croire que avec tout irait mieux si nous sortions de l’euro. Alors que si nous sortions de l’euro, ce seraient eux qui en pâtiraient le plus, ce seraient les ouvriers, les personnes qui ont les revenus les plus modestes. »
A court d’arguments, elle a repris le couplet éculé déjà entonné par le très établi Laurent Joffrin, à gauche de la gauche caviarde : « Marine Le Pen vit dans un château sur les hauteurs de Saint-Cloud » et « elle utilise les ouvriers, leurs peurs, leurs angoisses, je ne le laisserai pas faire », a lancé la brave ministre.
Entre Marine et Nadine, y’a pas photo, comme on dit, pour discerner laquelle est l’intruse dans le camp de l’anti-gauche. Pas besoin d’un dessin de Chard non plus pour comprendre que, lorsqu’on tient ce langage pavlovien, lorsque « le plus dangereux » est toujours sur sa droite et jamais sur sa gauche, on obéit plus ou moins (in)consciemment à une praxis subliminale qui est celle de la gauche, à une logique de la continuité révolutionnaire qui contredit assurément la candidature de rupture que prétendait incarner Sarkozy. Rappelons, par exemple (au moment où le « débat » ressort curieusement à « droite »), que c’est Nadine Morano (avec Roselyne Bachelot) et non pas Christine Boutin qui est restée au gouvernement, devenant secrétaire d’Etat à la famille (sic), alors qu’elle n’a jamais caché ses positions en faveur de la reconnaissance des familles homoparentales !
Face à de tels ministres UMP, mentalement de gauche, Marine Le Pen n’a pas de mal à dénoncer, elle, « le mensonge devenu industriel sous Nicolas Sarkozy », en se présentant comme la seule candidate possible et crédible pour la rupture, à travers la sortie de l’euro, le protectionnisme national et le nationalisme à la française. Sur l’euro, la dette, l’immigration, le mariage homosexuel, l’industrie, les racines chrétiennes de la France…, « le boomerang des mensonges est en train de revenir à toute vitesse » sur sa tête, a-t-elle déclaré dimanche en meeting près de Rouen.
« Le mondialisme n’est pas seulement un système économique sauvage et dépassé » mais aussi une « idéologie » visant à « encourager le nomadisme », à rendre les hommes « interchangeables », « anonymes », et à affaiblir les cultures, a-t-elle affirmé, en invoquant « ce violent amour de la France » grâce auquel l’oublié, l’anonyme retrouverait une voix, un visage… « Se souviennent-ils seulement, a-t-elle lancé à l’adresse de ses concurrents, ou sûrement en ont-ils honte, que la France plonge aussi ses racines dans le christianisme ? C’est pourtant notre histoire, notre identité, que ça leur plaise ou pas ! »
Si Marine Le Pen reprend significativement le slogan de Jean le Bon (« Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche ! »), c’est que la (fausse) droite en France est foncièrement à gauche et qu’à sa manière, la fille de Jean-Marie Le Pen propose en effet une alternative nationale ou bien un « pas d’ennemi à droite » bien compris qui est le contraire du « pas d’ennemi à gauche ». Cela mérite considération.
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