mercredi 11 janvier 2012
Médaille d’or !
Le ministère de l’Intérieur nage donc dans le bonheur. Enfin un succès pour ce quinquennat avec un record pulvérisé: 14 % au-dessus de la barre. Entonnons la Marseillaise ! Paris n’a pas remporté l’organisation des Jeux Olympiques mais en 2012 elle a au moins cette performance à offrir au monde: un total d’expulsions d’étrangers beaucoup plus important que prévu. Claude Guéant est satisfait. Il le dit. Il le montre. Oui, pourquoi cacher sa joie après un tel succès ?
La satisfaction de l’ancien secrétaire général de l’Élysée met de très nombreux Français mal à l’aise. Il ne s’agit pas de contester à une démocratie le droit et même le devoir de maîtriser ses flux migratoires. Même le rêve américain n’épargne guère des réveils difficiles à ceux qui en convoitent les horizons ! En France, un certain nombre de reconduites à la frontière - pas toutes ! - sont justifiées et les lois de notre hospitalité - même si elles sont parfois discutées - sont faites pour être respectées. Mais expulser des hommes, des femmes et des enfants dont (pour l’immense majorité d’entre eux) le seul crime est d’avoir voulu s’installer sur notre territoire pour essayer de vivre mieux, dont la seule mauvaise intention est d’avoir cherché à échapper à la misère, ne saurait être une victoire en soi. Répétons-le (au risque d’agacer quelques lecteurs), car on aurait tendance à l’oublier: c’est d’hommes, de femmes et d’enfants dont on parle, et pas de délinquants, et la légèreté du contentement ministériel semble faire abstraction d’une désespérance dont n’ont pas idée ceux qui bénéficient de l’immense privilège d’être nés Français dans un des cinq pays les plus riches du monde.
Faute de pouvoir célébrer une percée de notre commerce extérieur, le gouvernement se console en faisant le ménage à l’intérieur de nos frontières. On a les plaisirs que l’on peut et tant pis, alors, s’ils sont artificiels. Même la limitation de l’immigration légale, y compris dans les universités, est désormais présentée comme un bienfait, alors qu’elle rapetisse l’image internationale de la France. Le pouvoir, lui, préfère laisser croire qu’il débarrasse la nation d’un poison mortel ou, au moins, la désintoxique quand, à y regarder de près, les étrangers concourent positivement à la richesse nationale et représentent moins d’une interpellation sur six.
Quand la question de l’immigration se délivrera-t-elle des idées reçues, récupérations, angélismes et autres dénis, qui empêchent qu’on y réponde avec intelligence, sérénité et confiance ?
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