Ce leader si pudique et rationnel saura-t-il se hisser au-dessus de lui-même, fendre l'armure, comme avait dit Lionel Jospin, et trouver le ton personnel qui manque encore au candidat "normal" ? Il se dit déterminé à relever ce défi-là, fût-ce au prix d'une dramaturgie qui ne lui est pas familière. L'homme raisonnable devra s'effacer devant le chef habité. Deuxième preuve à fournir, celle de la crédibilité. Ce sera pour jeudi prochain, au matin de son intervention télévisée sur France 2, lors de l'émission "Des paroles et des actes". Seront alors dévoilées ses principales propositions. Fini, les cafouillages, bonjour, les commentaires !
L'époque copain, c'était hier
La droite se ruera sur les mesures tant attendues et ne manquera pas de les trouver soit pusillanimes soit dispendieuses, le tout étant inévitablement considéré comme irresponsable. Les observateurs, comme l'on dit, jugeront de la cohérence de l'ensemble et de sa compatibilité avec l'état des finances publiques. Le candidat soulignera bien sûr que son action sera plus juste et plus efficace que celle du président sortant. L'opinion, via les sondages, tranchera : le Corrézien sera-t-il sorti du "flou" en mettant les Français de son côté ? Enfin, le soir, il devra faire preuve de pugnacité. Non seulement face aux journalistes, exercice auquel il est bien rodé, mais face à Alain Juppé, qui sera son contradicteur politique.L'ancien Premier ministre, en bon élève, sera ferré à blanc. Il pourra même se prendre, l'espace d'une demi-heure, pour le vrai challenger du socialiste, rôle dont il a toujours rêvé et a été privé. Autant dire qu'il aura à coeur de se montrer performant, quitte à donner des remords à la majorité de ne pas lui avoir confié la mission de la représenter au scrutin suprême. Rude affaire, donc, pour le champion de la gauche. S'il se sort bien de cette séquence à trois volets, il aura peut-être fait le plus dur. Certes, les électeurs n'attendent plus un super héros, un Zorro mirobolant, un marchand d'illusions, mais au moins un père de la nation. L'époque copain, c'était hier. L'ère président, ce sera, peut-être, demain.
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