Lors de son meeting au Bourget, dimanche 22 janvier, François Hollande a, en partie, clarifié ses projets pour la fonction publique. "Il sera mis fin à la règle aveugle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite", a déclaré le candidat socialiste. Entre 2008 et 2012, 150 000 postes de fonctionnaires partis en retraite n'ont pas été pourvus du fait de cette règle édictée par Nicolas Sarkozy.
M.Hollande a ainsi donné satisfaction aux syndicats : "Je ne l'avais jamais entendu le dire aussi nettement", a déclaré au Monde Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, à l'issue d'une rencontre avec M.Hollande, lundi 23 janvier. Le candidat du PS "s'est cette fois bien engagé à renversé un des dogmes du gouvernement Sarkozy", se félicite Brigitte Jumel (CFDT Fonction publique).Ils gobent tout, les augmentations de salaires, la renégotiation avec Merkel, enfin la lune quoi ! |
PAS D'AUGMENTATION DU NOMBRE DE FONCTIONNAIRES
Au Bourget, dimanche, M.Hollande a également indiqué que "le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas". Il s'agit là d'une confirmation. "Il n'y aura pas de postes supplémentaires créés dans la fonction publique d'Etat", avait déclaré, lundi 16 janvier, Jérôme Cahuzac, député (PS) du Lot-et-Garonne, chargé des finances dans l'équipe de campagne de M.Hollande. Les 150 000 postes non pourvus du fait de la règle des un sur deux ne seront donc pas compensés. Sauf en partie dans l'éducation nationale, la justice et la police.
13 000 nouveaux fonctionnaires par an. M.Hollande a, en effet, confirmé, dimanche, sa proposition de créer, sur la totalité de son mandat "60 000 postes supplémentaires dans l'éducation, pas seulement de professeurs, mais de surveillants, d'infirmières, d'assistances sociales". Soit 12 000 postes par an. Ces créations nettes viendront s'ajouter aux postes désormais de nouveau pourvus à chaque départ en retraite dans l'éducation. M.Hollande a également déclaré qu'il créerait "1 000" postes "chaque année, dans la justice, dans la police, dans la gendarmerie ". En tout donc, 13 000 nouveaux fonctionnaires par an.
Sachant qu'il raisonne "à effectif constant dans la fonction publique d'Etat, […] il y a une marge de manœuvre que François Hollande décidera d'affecter selon ses choix politiques", expliquait le 16 janvier, M. Cahuzac. En clair, "il s'agit de redéployer et de mettre des moyens supplémentaires en personnels dans l'éducation nationale pour réparer ce qui a été détruit depuis cinq ans", avait déclaré M.Hollande le 5 janvier.
"REDÉPLOIEMENT", LE MOT QUI FÂCHE
Au Bourget, dimanche, M.Hollande n'a guère évoqué de redéploiement. Il faut dire que le mot fâche au PS. Mardi 17 janvier, Henri Emmanuelli, député (PS) des Landes, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (PS) de Paris et Benoît Hamon, porte-parole du PS ont exprimé leur crainte de voir les nouveaux postes créés par simple "redéploiement". Leur communiqué commun faisait suite aux propos de M.Cahuzac qui sur France 2, lundi 16 janvier avait, pour sa part prononcé le mot.
>> Lire : "60 000 postes dans l'éducation : la gauche du PS met en garde M. Hollande"
Pas de privatisation."On ne peut parler de redéploiement car on ne prendra pas des agents des finances pour les mettre à l'éducation", a expliqué, lundi 23 janvier au Monde, Bruno Julliard en charge de l'éducation dans l'équipe de campagne de M.Hollande. "En revanche, il y aura bien 13 000 postes non pourvus dans certaines administrations centrales", précise-t-il, évoquant Bercy, ou le ministère de l'équipement. Depuis plusieurs semaines, l'équipe du candidat a toujours précisé qu'il n'était pas question que ces postes ne relèvent pas du secteur public. Vincent Peillon, chargé de piloter le "pôle éducation et enseignement supérieur" dans l'équipe Hollande, indiquait ainsi, le 18 janvier, que tout décision se prendrait "à périmètre constant de la fonction publique de l'Etat".
Pas de transfert aux collectivités. Bien que le candidat ait annoncé, au Bourget, dimanche, "un nouvel acte de la décentralisation", il est bien clair, pour son équipe, que les 13 000 postes à créer ne seront pas non plus pris en charge par les collectivités locales. Un point qu'il a clarifié lundi 23 janvier, en recevant tour à tour, outre la FSU, l'Unsa et la CFDT. Il a chaque fois "été catégorique", selon M. Julliard. "Les 60 000 nouveaux postes dans l'éducation nationale seront bien pris en charge dans le budget de l'Etat (...)"Dans son esprit, il ne s'agit pas de décentraliser pour permettre à l'Etat de faire des économies", précis M. Julliard.
Reste à savoir dans quelle administration centrale les 13 000 postes annuels ne seront pas renouvelés.
Lundi, l'UMP ne s'est pas privée de poser la question. Citant les "1 000" policiers que M.Hollande veut créer dans les " zones prioritaires de sécurité ", Claude Guéant a ironisé : " Par rapport à la cacophonie qui a régné dans son entourage les jours précédents [ M.Hollande] a apporté quelque chose de neuf. Ce qui est très important, il a dit : je les créerai mais je les financerai par redéploiement. C'est à dire en supprimant d'autres emplois dans la fonction publique. Ce qu'il faut maintenant dire c'est quels emplois ", a observé le ministre de l'intérieur. De son côté, François Sauvadet, ministre de la fonction publique a qualifié, lundi, M.Hollande de " prince de l'ambiguité ".
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