TOUT EST DIT

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mardi 27 décembre 2011

L'Histoire accélère, accrochez-vous !

« Puissiez-vous vivre en des temps intéressants. » Cette traditionnelle formule de voeux chinoise paraît bien superflue en cette fin d'année 2011. Les temps sont devenus trop intéressants. L'Histoire accélère et se complexifie à la fois.

Symboliquement, un long cycle historique de plus de deux siècles se conclut sous nos yeux. Il a vu la domination quasi absolue de l'Occident européen, puis américain, sur le monde. Le flambeau de l'Histoire semble en train de passer de l'Occident vers l'Asie. Un mouvement accéléré dernièrement par la crise de la dette souveraine européenne. Sur ce plan, 2011 a bien été, en partie au moins, « l'Année de l'Europe »... mais à son détriment.

Notre continent est apparu comme « l'homme malade du monde ». Les pays émergeant derrière la Chine vont-ils, avant qu'il ne soit trop tard, venir massivement à notre secours ou vont-ils être entraînés, eux aussi, dans « la grande récession » devenue mondiale ? Ce dernier scénario pourrait avoir des conséquences politiques imprévisibles sur des régimes autoritaires, traditionnellement plus fragiles que les pays démocratiques face aux secousses économiques.

L'Histoire demeure également ouverte sur un plan régional, celui de la Révolution arabe. Pour bien saisir la portée de ces événements, il faut imaginer que nous sommes en juillet 1790. Le Printemps arabe a commencé il y a un an. C'est le début d'un cycle historique long qu'il convient de juger sans angélisme, mais également sans peur irraisonnée. La victoire des partis se revendiquant de l'islam était inévitable. Par un effet de « zoom », nous avons sans doute surestimé la représentativité des manifestants qui, de Tunis au Caire, semblaient si proches de nous. La place Tahrir n'était pas toute l'Égypte. Les partis islamiques sont très divers. Il n'y a pas un islam, mais des islams.

Il n'en demeure pas moins que la situation de « l'Empire du Milieu » du monde arabe ¯ l'Égypte ¯ est très préoccupante, comme celle d'un pays souvent décrit comme « les Balkans » du Moyen-Orient : la Syrie. Le retrait des États-Unis d'Irak et, à terme, d'Afghanistan, ouvre une ère très incertaine où se mêlent les appétits des uns et les peurs des autres, de la Turquie au Pakistan, en passant, bien sûr, par l'Iran.

La quête de modernité ne se limite pas au monde arabe. Elle s'exprime désormais avec force dans une Russie dont les citoyens s'indignent, toujours plus nombreux, de la corruption qui règne dans les plus hautes sphères du système.

À ces mouvements de plaques tectoniques symboliques, il convient d'ajouter un mouvement tellurique bien réel celui-là. Au Japon, pendant quelques heures, sous le double effet du tremblement de terre et du tsunami, l'homme semble avoir perdu le contrôle de l'atome. La catastrophe de Fukushima a été un révélateur tout à la fois de la résilience de la société japonaise et des lourdeurs de son système politique et bureaucratique. Elle nous a aussi rappelé que l'énergie nucléaire n'est pas, ne peut pas être, une énergie comme les autres.

L'année 2011 apparaît bien comme celle de toutes les incertitudes. Elle n'a pas apporté, comme le proclament certains, la démonstration que la dé-mondialisation s'impose. Mais elle nous rappelle avec force que les systèmes démocratiques doivent trouver des réponses à leur incapacité structurelle à agir vite et penser loin.

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