La zone euro a "sous-estimé les risques"
Eurosceptiques et europhiles se livrent désormais un duel sans merci. Les premiers reprochant à la monnaie unique d'être surévaluée et de pénaliser les exportations quand ses défenseurs louent « des prix stables pour les consommateurs, plus de sécurité pour les entreprises et les marchés ». Tout le monde a « sous-estimé les risques », juge Philip Whyte, pour qui la forte baisse des taux d'intérêt après l'arrivée de la monnaie unique, notamment en Europe du Sud, a incité gouvernements, entreprises et ménages à s'endetter démesurément.En dépit de ses avantages indéniables pour voyager, « les consommateurs n'ont jamais été très heureux (avec l'euro), ils ont toujours gardé cette perception initiale qu'il signifiait une augmentation des prix », constate André Sapir, économiste du centre Bruegel de recherche sur les politiques économiques en Europe. Si la BCE a effectivement veillé à la stabilité des prix, avec une inflation limitée à 2% par an en moyenne depuis 1999, la focalisation des consommateurs sur leurs achats quotidiens comme le pain ou l'essence a provoqué un phénomène d'inflation ressentie dans tous les pays où l'euro a été introduit. Et ceux qui font toujours la conversion dans leur monnaie nationale « la font fatalement avec les prix d'il y a 10 ans », d'où le sentiment de forte inflation qu'éprouvent de nombreux Européens encore aujourd'hui, selon André Sapir.
Personne ne songe sérieusement à un retour aux anciennes monnaies nationales même si la nostalgie gagne du terrain, notamment chez les Allemands, qui étaient très attachés au deutschemark synonyme du miracle économique d'après-guerre et qui ont l'impression de devoir toujours passer à la caisse pour leurs voisins. Selon les économistes, une fin de l'euro serait catastrophique pour les banques européennes, à cause de la dépréciation prévisible des monnaies des pays d'Europe du Sud dont elles sont créancières. Et l'Allemagne, dont la monnaie s'apprécierait considérablement, verrait fondre sa compétitivité à l'export, avec des pertes d'emplois massives à la clé.
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