mercredi 28 décembre 2011
Les leçons de notre jeunesse
La France en récession, la France en campagne électorale. Dure année qui s'achève, rude année qui s'annonce. Le temps est loin où l'on nous expliquait que l'une des vertus du modèle social français était d'amortir la crise. C'était en 2008-2009. Nous faisions alors mieux que nos voisins allemands, plus durement touchés sur le coup. Aujourd'hui nous les envions, et les Français anticipent non pas des jours meilleurs, mais plus difficiles.
Sans vouloir dévaloriser la politique, reconnaissons que nous ne pouvons tout lui demander. Aucune solution miracle ne sortira des urnes, souvent en retard sur les réalités. La circulation des idées et des personnes va beaucoup plus vite. L'avenir est à ceux qui bougent, qui inventent, qui défrichent. À ceux qui regardent le monde pour y découvrir les opportunités à développer, les chances à saisir. À ceux qui se laissent heureusement surprendre, et qui n'enferment pas le futur dans les catégories d'hier. Tous les Français ne deviendront pas chefs d'entreprise, mais nous avons besoin de « libérer » ceux qui peuvent prendre des initiatives pour qu'ils puissent proposer du travail à d'autres.
C'est du côté de la jeunesse qu'il faut regarder. À la différence de la génération qui a grandi pendant les Trente Glorieuses, elle sait qu'elle n'a rien à perdre. Le chômage qui la frappe cruellement lui a appris qu'elle ne doit pas compter sur « le système », mais sur elle-même. Du coup, elle a l'esprit affûté. Elle croit en elle et dispose de ressources profondes.
Elle sait que la vie est dans l'échange, dans le mouvement, bien plus que dans les assurances et autres garanties. Qu'elle ne vivra pas de ce qu'elle recevra de l'État, mais de ce qu'elle sera capable de proposer, d'offrir, de produire et de mettre, disons-le, sur le marché... Notre pays a trop longtemps douté, comme le montre la faiblesse de ses exportations.
Cette jeunesse est déjà à l'aise dans la France de demain qui sera diverse, multiculturelle, pluriconfessionnelle, n'en déplaise à ceux qui croient aux lignes Maginot. Alors qu'on s'interroge sur l'avenir d'une Europe à laquelle les leaders politiques nationaux n'ont pas voulu donner les moyens de son existence, trop soucieux de défendre leur pré carré, cette jeunesse a grandi en ignorant les frontières de nos vieux pays. Elle n'a pas tardé à oublier de compter en francs, en lires, en marks... Et elle n'est pas disposée à venir en arrière.
Depuis trente ans, elle a compris, cette jeunesse, que les puissances sont fragiles. Elle a vu s'effondrer le communisme, chanceler le monde libéral, tomber des dictateurs. Elle voit la Chine triomphante déjà sous la menace d'une implosion sociale... Elle a grandi dans un monde qui s'est très largement transformé : nouvelles technologies, nouveaux métiers, mélange des cultures... Par conséquent, elle sait qu'il faut penser autrement. Qu'il faut explorer l'incertitude, non pour trembler, mais pour y découvrir ce que nous n'avons pas encore vu, ce que nous n'avons pas exploré. Nous sommes, nous apprend-elle, dans le temps des pionniers. Rien n'est garanti, mais beaucoup est possible.
C'est vers elle qu'il faut se tourner, pour l'accompagner, l'épauler, lui transmettre la part vive de l'héritage, et avec elle inventer un avenir inédit. Car une chose est sûre : ceux qui voudront s'en tenir, par définition, aux solutions d'hier seront en dehors du coup. Il est temps de se décoincer...
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