Huit ans et neuf mois après le début de l'opération Iraqi Freedom, le dernier convoi de soldats a traversé la frontière avec le Koweït à l'aube. Ce retrait intervient alors que Bagdad traverse une nouvelle crise politique.
Pour des raisons de sécurité, ces derniers soldats n'ont pas pu dire adieu aux Irakiens avec qui ils travaillaient et beaucoup se demandent comment leurs contacts réagiront. Afin d'éviter que des insurgés ne posent des bombes le long de la route menant au Koweit, les interprètes ont téléphoné comme si de rien n'était aux responsables et aux cheiks irakiens locaux pour leur dire que dimanche serait une journée ordinaire, ne pipant mot de leur départ.
Le premier ministre veut évincer son vice-premier ministre
Face au refus de l'Irak d'accorder l'immunité à des milliers de soldats américains chargés de poursuivre la formation des forces irakiennes, le président Obama a entériné le 21 octobre, le retrait total des troupes. Désormais, il ne reste en Irak plus que 157 soldats américains chargés d'entraîner les Irakiens et un contingent de Marines pour protéger l'ambassade. Celle-ci est la plus grosse des Etats-Unis, 16.000 personnes vont y être rattachées. Pour mémoire, au plus fort de la lutte contre l'insurrection, 170 .000 soldats étaient présents sur 505 bases.Les Américains laissent un pays plongé dans une crise politique, avec la décision du bloc laïque Iraqiya de l'ancien premier ministre Iyad Allaoui, de suspendre sa participation aux travaux du Parlement. Second groupe parlementaire avec 82 députés contre 159 à l'Alliance nationale, coalition des partis religieux chiites, il déplore «l'exercice solitaire du pouvoir» du premier ministre Nouri al-Maliki. Ce dernier va demander au Parlement de retirer sa confiance à son vice-premier ministre Saleh Moutlak, membre d'Iraqiya. Ce sunnite, qui fut accusé d'avoir appartenu au Baas (l'ancien parti de Saddam Hussein), a déclaré à CNN que Washington laissait l'Irak «aux mains d'un dictateur pire que Saddam Hussein qui ignore le partage du pouvoir, qui contrôle les forces de sécurité du pays et qui a arrêté des centaines de personnes ces dernières semaines».
La fin de l'opération Iraqi Freedom conclut la guerre la plus controversée menée par les Etats-Unis depuis celle du Vietnam, un demi-siècle plus tôt. «Il faudra des décennies avant que l'Histoire ne puisse juger ce conflit», note le New York Times. «Mais cette guerre sera à jamais entachée par ses faux-pas initiaux: renseignements erronés sur les armes de destruction massives de Saddam Hussein et ses liens supposés avec al-Qaida, mauvais traitements à la prison d'Abou Grahib, scandale des mercenaires de Blackwater». «Ces erreurs ont altéré le prestige des Etats-Unis dans le monde arabe et leur influence mondiale», souligne le quotidien. «Ce retrait est une victoire pour Obama qui avait promis de ramener les troupes à la maison mais ce triomphe est doux-amer pour les Irakiens. Ils sont débarrassés d'un dictateur mais leur vie ne s'est pas améliorée». En presque neuf ans de guerre, qui aura coûté 770 milliards de dollars, 4.474 soldats américains ont péri, 32.000 ont été blessés et plus de 100.000 civils irakiens sont morts.
DIX ANS DE PRÉSENCE AMÉRICAINE EN IRAK
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