TOUT EST DIT

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vendredi 11 novembre 2011

Le 11 Novembre sans eux

On cherchera en vain le visage du vieux poilu que la République décore in extremis, autant pour ses vertus de témoin que de combattant. Voici le premier 11 Novembre sans survivant de 14-18. La Grande Guerre, dépossédée de ses acteurs, appartient désormais aux historiens.

Mais l’ombre de la lointaine et sauvage boucherie plane encore sur l’âme collective. Le déclin de l’Europe, qui vacille actuellement sous les coups de la finance, n’a-t-il pas commencé là ? À Verdun, Douaumont ou Craonne, lieux de mémoire devenus touristiques, les foules accourent. Près d’un siècle plus tard, vibre encore l’écho de l’horreur qui faucha des générations entières. Ce massacre insensé scella la fin d’un monde. Et pourquoi, grand Dieu ? “On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels” écrivait Anatole France après l’armistice. De quoi mieux apprécier, crise économique ou pas, le bonheur d’une paix retrouvée.

Ce matin, Nicolas Sarkozy rendra hommage à Charles Péguy. Le chef de l’État ira à Villeroy-sur-Marne, là où tomba le poète à l’automne 1916. Lui qui écrivait, quelques mois plus tôt : “Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle/Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre”.

Un bon choix, Péguy, libertaire converti au pur catholicisme et haute figure du Panthéon français. À côté du sacrifice qu’il consentit, les efforts que nous réclame aujourd’hui le gouvernement ne pèsent rien. D’ici à en tirer un argument électoral…

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