La campagne officielle avant les élections législatives du 20 novembre, en Espagne, aura duré quinze jours. Période durant laquelle Georges Papandréou et Silvio Berlusconi ont été chassés du pouvoir en Grèce et en Italie. Deux "techniciens" parrainés par l'Union européenne les ont remplacés, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont ouvert la porte à une Europe à plusieurs vitesses et, pour couronner le tout, les marchés se sont lancés à l'assaut de l'Espagne, faisant grimper à 6,975 %, jeudi 17 novembre au soir, le taux d'intérêt à dix ans pour Madrid.
Dans l'ombre de ces événements, les deux principaux candidats à la présidence du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy et le socialiste Alfredo Pérez Rubalcaba, ont mimé une campagne qui n'a pas, semble-t-il, fait bouger d'un iota l'état d'esprit des électeurs. A la fin, comme au début, les enquêtes d'opinion pronostiquaient une très large victoire du Parti populaire (PP, droite), écarté du pouvoir central depuis la victoire de José Luis Rodriguez Zapatero en 2004. S'il remporte une majorité absolue des 350 sièges du Congrès des députés, il pourra gouverner seul, sans l'appui des partis nationalistes basque ou catalan, appoints traditionnels des majorités relatives à Madrid.En face, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est en passe de subir sa plus grave défaite depuis le retour de la démocratie dans le pays. Une frange importante de ses électeurs semble lui reprocher le tournant de la rigueur de mai 2010, que le gouvernement ne leur a guère expliqué. Depuis le 15 mai, le mouvement des "indignés" a donné une expression, sinon une voix, à cette frange de l'électorat de gauche qui s'est sentie trahie, ou du moins ignorée par un pouvoir qui avait pris le parti, un an auparavant, d'appliquer à la lettre les recommandations européennes pour réduire son déficit et tenter de faire échapper l'Espagne à un plan d'aide.
Pour limiter sa défaite, le PSOE s'en est remis à Alfredo Pérez Rubalcaba, ancien ministre de l'intérieur et l'un des artisans de la politique qui a conduit le groupe indépendantiste basque ETA à renoncer à la violence. Il a tout essayé pour mobiliser les électeurs attirés par l'abstention. Il a adressé des signes aux "indignés" en proposant de retoucher le mode de scrutin.
Une nouveauté en Catalogne
Dimanche, les électeurs devront choisir, à la proportionnelle, dans le cadre des provinces (l'équivalent des départements), entre des listes bloquées présentées par les partis. Les "indignés" n'ont pas présenté de listes, mais ils risquent de geler des voix.
La carte électorale de l'Espagne pourrait être profondément remodelée par le scrutin. Chacun regardera avec un intérêt particulier les résultats en Andalousie. Cette région autonome, la première par la population, est depuis trente ans un fief du PSOE. Les élections municipales de mai y avaient enregistré une forte poussée de la droite. Si le PP y arrive en tête dimanche, il aura alors de bonnes chances d'emporter la région lors des élections andalouses qui auront lieu dans quatre mois.
La Catalogne, elle aussi, attirera les regards. Depuis des années, le PP y était relégué très loin derrière les socialistes et les nationalistes (centre droit) de Convergence et Union (CiU), actuellement au pouvoir à Barcelone. Cette fois, les sondages lui prédisent un bon résultat, au coude à coude avec CiU. Ce serait une nouveauté. Le PP dirige déjà 11 des 17 communautés autonomes et toutes les grandes villes, à l'exception de Barcelone (aux mains des nationalistes catalans). Une majorité absolue lui donnerait tous les leviers du pouvoir. Et de la dépense publique.
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