dimanche 20 novembre 2011
Alternances de crise
La vie politique se nourrit d’alternances. Le pouvoir endort, elles évitent la glaciation. Quand les campagnes électorales se passent bien, elles servent de laboratoire aux idées, elles invitent à la réforme. La démocratie n’est pas qu’une procédure. Elle est ce débat contradictoire permanent parfois un peu lassant, mais toujours nécessaire.
La crise économique, partout dans le monde, en Europe particulièrement, a enrayé cette belle mécanique. Les politiques de rigueur, si nécessaires quand les difficultés s’accumulent, ont désormais des conséquences électorales radicales. D’est en ouest, du nord au sud, les équipes en place sont désavouées, dans des scrutins locaux, voire balayées, lors des élections générales. Elles tombent sous les coups de reproches contradictoires. À la fois de ne pas être à la hauteur des enjeux. Mais, dans le même temps, de tirer trop radicalement les conséquences de la crise.
L’alternance qui se prépare en Espagne appartient à cet ordre. L’équipe Zapatero, confrontée à des difficultés économiques gravissimes, des déficits abyssaux et un taux de chômage supérieur à 20 %, va sans doute être battue. Certes, elle est au pouvoir depuis sept ans, ses réformes sociétales ont été contestées… Mais la défaite annoncée, si elle se produit, ne viendra pas principalement de là. Elle trouve d’abord ses origines dans l’ampleur de la crise. De la même manière, Silvio Berlusconi n’a pas été mis en minorité pour ses excès divers, Georges Papandréou n’a pas démissionné à cause de son manque d’autorité : c’est que leur profil ne correspondait plus à la tâche attendue – le traitement des déficits publics. Il existe d’autres exemples du même phénomène, un peu partout, en Europe.
Cette obsession d’en sortir bien légitime chez les électeurs, cette priorité qu’il faut désormais donner à l’économique et aux économies expliquent aussi l’adhésion forte aux gouvernements « techniciens ». Ils ont aujourd’hui le vent en poupe. La formule a triomphé en Grèce puis en Italie. Si l’Espagne s’oriente, elle, vers une alternance gauche-droite, nul doute que le nouveau gouvernement, confronté aux mêmes défis, proposera les mêmes réponses. Le Trésor espagnol a émis jeudi 17 novembre pour 3,563 milliards d’euros d’obligations à dix ans. Leur taux d’intérêt a bondi à près de 7 %, un taux jamais atteint dans la zone euro depuis sa création. La crise va peser encore longtemps sur les choix politiques.
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