TOUT EST DIT

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mardi 13 septembre 2011

Danger imminent

Le tabou est brisé. Ce qui il n’y a pas si longtemps encore passait pour une folle spéculation est désormais envisagé : un « défaut » de la Grèce, la faillite du pays et, éventuellement, son retrait de la zone euro sous une nouvelle drachme dévaluée de 40 % ou 50 %…

Le ministre allemand de l’Economie Philip Rössler du lilliputien parti FDP de la coalition gouvernementale n’a pas hésité à dire haut et fort ce que nombre d’économistes pensent tout bas. Une belle gaffe, sans doute, prouvant une fois de plus l’incapacité, voire l’irresponsabilité, des politiques face à la crise, chacune de leur prise de position jetant un peu plus d’huile sur le feu.

Mais sur le fond, c’est l’évidence. Athènes est à bout de souffle et dispose encore de liquidités jusqu’en octobre. Une anecdote qui en d’autres temps ferait sourire témoigne du marasme ambiant : décidée à la hâte dimanche par le gouvernement Papandreou, une taxe d’habitation va être collectée via les factures d’électricité… les pléthoriques services du fisc n’étant pas en mesure de rentrer les impôts ! Il y a plus grave. Les taux d’intérêts atteignent les deux chiffres, et les CDS – ces assurances sur prêts – s’envolent. Ainsi hier, pour une tranche de 10 millions d’euros empruntés par la Grèce sur cinq ans, les CDS se chiffraient à 4 millions.

Les marchés estiment que la Grèce représente désormais un risque absolu. Un risque d’autant plus grand que les tergiversations allemandes et les grands silences ailleurs laissent entendre que la zone euro n’est plus un filet de sécurité.

On connaît les conséquences. Plusieurs grandes banques françaises déjà menacées de dégradation par les agences de notation se sont enfoncées hier. Non pas parce qu’elles seraient trop engagées dans la dette grecque mais par crainte d’un effet domino entraînant le Portugal, l’Espagne et l’Italie, là où les banques et les assurances-vie françaises sont en première ligne !

Car c’est toute la zone euro qui vacille, faute d’une volonté politique impossible à manifester dans l’unanimité du consensus mou qui régit l’Eurogroupe. Avec son blabla sur l’indépendance de la Banque centrale de Francfort et sous les cris d’orfraie que fait pousser la seule évocation des « euro-obligations ». Pourtant, ces « euro-bonds », qui en quelque sorte, « communautariseraient » le service des dettes souveraines, viendront en dernier recours. Malheureusement, peut-être trop tard.

Dans l’immédiat, il n’y a pas grand-chose à attendre de Berlin, du moins pas jusqu’à la fin du mois : la chancelière Merkel ne sait pas sur quelle majorité parlementaire compter au Bundestag lors du vote sur le Fonds européen de solidarité, plusieurs élus de son camp se prononçant contre. Quant à la France, elle touille ses soupes électorales en ne voulant pas savoir que son triple « A » ne tient qu’à l’équilibrisme.

Tous les feux clignotent au rouge. Un « défaut » de la Grèce et ses multiples conséquences, de surcroît suivies par un « Lehman-Brothers » européen, seraient désastreux pour la monnaie unique. Et pour toute l’Europe.

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