lundi 29 août 2011
Les trois défis du Parti socialiste
Stop ! Pour la crédibilité de ses dirigeants et pour la lisibilité de la ligne du parti, il était urgent de clore les polyphonies de La Rochelle. À trop chanter les paroles du chacun pour soi sur la musique de l'unité, on finit, dans cette caisse de résonance médiatique qu'est l'université d'été, par distinguer davantage les couacs que l'harmonie.
Bien malin qui peut faire la synthèse entre la rigueur sévère de Manuel Valls, le protectionnisme assumé d'Arnaud Montebourg, la main tendue aux indignés de Ségolène Royal, la transformation sociale de Martine Aubry ou l'urgence fiscale de François Hollande.
Même si l'envie de vaincre a permis de réussir la photo de famille, la lisibilité reste le premier défi du PS d'ici à 2012. Que ce soit l'enquête BVA dans notre édition de vendredi, ou celle de l'Ifop dans dimanche Ouest-France, les deux sous-entendent que le rejet du sarkozysme explique autant le désir de changement que l'adhésion à un projet et à des dirigeants moyennement perçus.
L'image et la crédibilité du Parti socialiste progressent, très nettement à gauche, assez sensiblement dans l'ensemble de l'opinion. Mais il subsiste cette faiblesse que l'UMP, dès son université d'été, le week-end prochain à Marseille, ne va pas se priver d'exploiter.
Le second défi des socialistes est de réussir la primaire. Au moment où les Français craignent que le ciel social ne leur tombe sur la tête, il serait maladroit, dans les six semaines qui conduisent au choix du candidat, que les ambitions personnelles prévalent sur les solutions de fond. Mieux préparé, éloigné de l'accident DSK, capable de doser dérision et gravité, François Hollande fait la course en tête. Mais l'exemple de Nicolas Hulot rappelle qu'il y a parfois loin entre une popularité et un résultat dans les urnes.
Deux éléments vont être déterminants : qui va aller voter ? Et c'est là où les sondeurs peuvent se tromper, car le résultat sera différent selon que la primaire draine le noyau dur de l'électorat socialiste ou qu'elle intéresse plus largement. Il ne sera pas le même, non plus, selon que les socialistes voteront pour leur préféré ou, ce qui n'est pas la même chose, pour celui ou celle qu'ils estiment le plus capable de battre Nicolas Sarkozy et d'enchaîner deux campagnes.
Et que va faire Ségolène Royal au soir du premier tour ? Éliminée, elle resterait une faiseuse de roi ou de reine. Soutiendrait-t-elle son ex-compagnon, au détriment de sa tombeuse à la tête du PS, au congrès de Reims ? Ou jouerait-elle la solidarité féminine avec Martine Aubry, au grand dam de François Hollande ? À moins de ne rien dire... Cornélien.
La troisième condition de leur succès tient à la capacité des socialistes à offrir une réponse convaincante à une crise dont les dégâts sociaux et budgétaires restent sous-évalués. Tous les candidats ont intégré qu'il faudra corriger un projet construit sur une hypothèse déraisonnable de croissance de 2,5 %.
La droite aux affaires porte, évidemment, une responsabilité majeure. Mais une opposition susceptible de l'emporter ne peut pas délivrer n'importe quel message, n'importe quel excès de promesses, sans risquer de favoriser son adversaire ou de dévaluer la confiance dans la France. Il ne va pas lui être facile de faire rêver.
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