dimanche 3 juillet 2011
Dérive médiatique
Tout accusé est présumé innocent. Ce fondement de la justice des hommes a été largement bafoué depuis le samedi 14 mai, jour où Dominique Strauss-Kahn a été jeté à la fois en prison et en pâture publique. Six semaines après, on ne sait pas si coupable il y a. Et comme aux États-Unis, le demi-mensonge n’est pas recevable, la "victime" est devenue plus que suspecte.
Pendant six semaines, la vie de DSK a été fouillée dans ses moindres recoins. Les médias du monde entier ont répondu avec précipitation à la curiosité de leur public, comme en témoignent les chiffres d’audience des journaux, radios, télévisions et sites Internet. Cette affaire est venue comme en point d’orgue de six mois vertigineux où l’histoire s’est écrite en direct : les révoltes arabes avec la chute de Ben Ali et de Moubarak, le tsunami japonais et l’accident nucléaire de Fukushima, la guerre en Libye, la mort de Ben Laden.
L’affaire DSK a permis d’éclairer et de poser des questions sur nos mœurs. Peut-être même de les faire évoluer. Celles des hommes publics et les abus que permettent leurs fonctions. Les rapports des hommes et des femmes dans nos sociétés, couverts par des décennies, voire des siècles de non-dits et de pratiques humiliantes.
En même temps, les médias s’emballent dans des prurits successifs. Un emballement accentué par une concurrence violente et une redistribution des rôles entre Internet, téléphone, télévision et presse écrite. À nous de rester fidèles aux faits et de respecter les personnes. À nous de ne pas tirer nos médias vers le bas même quand le public semble le demander. Et de garder le droit de dire simplement : nous ne savons pas.
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