TOUT EST DIT

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dimanche 5 juin 2011

« J'ai reçu des SMS graveleux de DSK »

Isabella Lenarduzzi, spécialiste de la communication, confie au Soir qu'elle a reçu une série de SMS graveleux de la part d'un certain DSK. 

Isabella Lenarduzzi est une spécialiste de la communication. Organisatrice d'événements depuis vingt ans, elle a entamé sa carrière avec le Salon de l'étudiant. Depuis 2006, elle dirige la société Jump, centrée sur la vie professionnelle des femmes. « Au départ, j'avais vraiment intégré le comportement machiste, reconnaît-elle. Comme beaucoup de femmes, je le reproduisais sans en être vraiment consciente, sans me rendre compte que cela limitait ma confiance en moi. Sans percevoir aussi que cela avait un impact sur mes choix et sur la façon dont ils étaient considérés à l'extérieur. Depuis que je suis ado, j'ai compris que les hommes font des catégories de filles entre les “baisables” et les “non baisables”. Moi, évidemment, j'avais envie d'être dans la première catégorie. Dans ma carrière professionnelle, je me suis rendu compte qu'il y avait une autre catégorisation entre “mal baisées” et “putes”. Il y avait peu de femmes à de hauts niveaux de pouvoir dans les années 1980. Je me trouvais parmi des hommes et quand ils parlaient de la sorte, soit je ne réagissais pas, soit j'allais dans leur sens. Jusqu'à ce que je comprenne que j'avais moi-même intégré des éléments sexistes ! »

Depuis cette prise de conscience, elle a compris la nécessité de valoriser les femmes dans les milieux de l'entreprise. « Je me suis dit que j'avais un travail à faire sur moi-même pour récupérer la valorisation du féminin que j'ai en moi. Et à le partager. Parce que le féminin est considéré comme inférieur. Chaque fois que l'on a un comportement moins compétitif mais plus collaboratif, par exemple. Ou chaque fois qu'il y a de l'empathie. »
Encore maintenant, dit-elle, « le fait que je sois une femme et que je fasse des affaires différemment, cela dérange. Ma légitimité n'est pas encore complètement reconnue. Cela fait partie de l'inconscient des hommes ». Cela passe par des réflexions « primaires, ahurissantes de médiocrité ». Du style ? « Des remarques à connotations sexuelles comme “tu sais bien que nous ne sommes pas contre les femmes, nous sommes tout contre elles”. Et c'est encore la plus douce ! » Cela peut mener à des comportements proches de la « violence sexuelle », ajoute-t-elle. « On engage ou on garde une jeune employée avec l'espoir que quelque chose finira bien par se passer. »
« En tant qu'Italienne, prolonge-t-elle, j'adore séduire, et j'adore être séduite. C'est du plaisir, c'est de la légèreté. Même dans la vie professionnelle, c'est agréable de pouvoir se servir de cette arme-là aussi. C'est ce qui me permet d'avoir accès à des tas personnalités de pouvoir. Mais je me rends compte que ce faisant, je peux ouvrir une porte. Si cela reste dans les limites de la flatterie, c'est bien. Mais si cela va plus loin… »
Le résultat, ce sont souvent des propositions déplacées, exprimées oralement. « Les pires, ce sont les milieux politiques et académiques, comme s'il y avait là une forme d'omertà. » Isabella Lenarduzzi reconnaît par exemple avoir reçu une série de SMS d'un certain… Dominique Strauss-Kahn. « C'était une vraie forme de harcèlement avec des SMS vraiment graveleux. Au bout de quelques semaines sans réponses, il a arrêté. Mais cela prouve à quel point il devait être obnubilé par ses pulsions… Cela ne prouve pas qu'il soit coupable, bien sûr, mais il a un environnement de culpabilité. »
Si l'affaire DSK, précisément, délie les langues, ce doit être une occasion de changer les choses. « L'Europe doit garder une certaine légèreté dans ses rapports entre hommes et femmes, conclut-elle. Mais il faut vraiment mettre des limites, prévoir de vraies sanctions. Et se rendre compte que le sexisme, le machisme se situent dans un ensemble de comportements parfois négligés. »

 

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