Où est-il dans l’univers électoral tourmenté de la France de l’avant 2012 ?
On croyait que le procès en appel de Dominique de Villepin permettrait de clarifier sa situation et débarrasserait son chemin des obstacles dressés par la sale affaire Clearstream. Mais quel que sera le verdict final, il ne lèvera pas le doute politique qui accompagne comme une traînée de poussière lumineuse et sombre la trajectoire singulière du dernier Premier ministre de Jacques Chirac.
Cet homme est un mystère et une question. Ou plutôt une somme de questions. Comment prévoir les comportements de cet ovni qui évolue dans une galaxie dont lui seul connaît les repères ? Car cet héritier du gaullisme au verbe haut cultive instinctivement une forme de solitude qui le met à l’écart du reste de la classe politique. Et une soif de grandeur que la temporalité de l’action ne parvient pas à étancher.
Le prix d’un positionnement aussi risqué ne le dérange pas vraiment. Il ne peut concevoir le rassemblement qu’autour de lui. Qui l’aime le suive ! Et tant pis si l’audace de ses stratégies est dangereuse ! Et si le goût du panache désoriente jusqu’à ses plus fidèles grognards. Le programme charpenté mais iconoclaste, présenté en avril, n’a-t-il pas provoqué le départ d’un de ses collaborateurs les plus proches, désertant par désaccord avec la surprise du chef.
Un tel tempérament ne pouvait s’accommoder d’un rival aussi différent que Nicolas Sarkozy. C’est bien la détestation entre les deux hommes, une détestation à mort submergeant tout, une détestation romanesque et désormais cinématographique - elle donne son rythme à «La Conquête» - qui est au cœur de l’affaire Clearstream. C’est bien elle qui a motivé l’appel interjeté par le parquet, probablement soufflé par l’Élysée, après l’acquittement de DDV en première instance. C’est elle, aussi, qui a inspiré le commentaire assassin de l’intéressé, hier soir, après les six heures du réquisitoire prononcé contre lui.
Cet épisode judiciaire a mis en évidence l’inutilité de ce nouveau procès. Tout ça pour prolonger la torture d’un homme dont on a manifestement juré la perte et qui proteste de son innocence. Tout ça pour que le procureur réclame 15 mois avec sursis, trois de moins qu’en première instance... Tout ça pour qu’on ne connaisse pas vraiment, non plus, la vérité, et qu’on ne sache jamais si un Premier ministre a fermé les yeux sur une machination destinée à salir son rival. Tout ça, surtout, pour que l’ancien chef de gouvernement ne puisse, ni ne veuille, se présenter à la présidentielle...
S’il le peut, DDV «ira» pourtant, comptez sur lui pour ça. Il n’a déjà plus rien à perdre, même pas sa femme qui a pris le large. Alors, même sans un sou vaillant ni aucune chance de l’emporter, il ira. 5 % lui suffiraient. Ce serait juste assez pour faire trébucher l’adversaire. Le petit caillou de la haine.
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