Les victoires militaires ne sont pas les meilleures garanties pour remporter des victoires électorales.
Curieusement, la démocratie fait payer aux chefs de guerre les succès remportés sur d’autres terrains que le sien : le grand Churchill, obligé de quitter le pouvoir après avoir été battu aux élections en pleine conférence de Potsdam en 1945, de Gaulle que le gouvernement provisoire ne chercha nullement à retenir en janvier 1946, George Bush senior que le peuple américain refusa de réélire à la Maison Blanche, en novembre 1992, un an seulement après avoir triomphé au Koweit…
Barack Obama est bien le dernier à se faire des illusions sur l’ampleur du bénéfice politique qu’il va tirer de la mort de ben Laden. Il sait que le second mandat que lui promettent nombre d’Américains dans l’euphorie générale est loin d’être acquis.
Si un échec de l’opération aurait été catastrophique, comme le fut pour Jimmy Carter la pathétique expédition héliportée en Iran en 1980, la réussite du raid au Pakistan ne devrait produire que des effets à court terme.
L’élimination de l’ennemi public numéro un de l’Amérique arrive bien pour le président au moment où ses adversaires lui déniaient, précisément, la capacité d’être ferme. En montrant sa détermination et en rappelant lui même que son implication personnelle avait été décisive, Barack Obama va pouvoir faire taire ses détracteurs les plus enragés.
Il sera difficile, désormais, de railler son indécision ce dont l’opposition ne se privait pas. En toute injustice d’ailleurs, car Obama est loin d’être un laxiste.
Quand il estime que les intérêts supérieurs du pays sont en jeu, il n’hésite pas à donner des tours de vis. Dans la gestion du dossier de Guantanamo, c’est sans états d’âme qu’il a sacrifié quelques convictions humanistes aux canons du réalisme.
Si les États-Unis ont retrouvé, pour partie, leur prestige d’unique superpuissance d’un monde multilatéral, leur président ne s’est pas départi de son inquiétude tout au long de son intervention télévisée de la nuit dernière.
Derrière l’affichage d’une satisfaction mesurée, c’est bien la crainte profonde d’une attaque terroriste qui hante le président américain. Outre la tragédie qu’il ramènerait, un 11-Septembre bis ruinerait un capital électoral qui reste exposé aux revers de sa fortune politique.
Les prochaines élections ? Elles sont encore très loin. Largement le temps de perdre des points sous les assauts des hyperconservateurs du Parti Républicain et des Tea parties qui ne feront aucun cadeau au président Obama en dépit des félicitations adressées par les ténors du Grand Old Party (Conservatives).
Après une période d’accalmie, et un temps de communion consensuelle, la campagne va reprendre de plus belle et elle s’annonce déjà comme l’une des plus violentes de l’histoire récente des États-Unis.
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