TOUT EST DIT

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samedi 23 avril 2011

Quelle importance a la Syrie ?

Les troubles en Syrie ont pris, hier, une tournure rapidement dramatique. Au fil des heures, les bilans rapportés depuis le pays sont passés de deux blessés, en début d’après-midi, à plus de 70 tués dans la soirée. Même entouré d’incertitudes, qui commandent la prudence, cet envol du nombre des victimes témoigne d’une accélération de la contestation et d’un enhardissement des opposants au président Bachar al-Assad.

Certes, les conditions dans lesquelles les manifestations en Syrie - où plusieurs villes ont été le théâtre de rassemblements, dispersés par la police - sont rapportées ne sont pas d’une fiabilité parfaite. Hier, les informations émanaient de militants locaux ou de « témoins oculaires », communiquant surtout par téléphone portable ou internet avec le monde extérieur. Le régime continue d’encadrer sévèrement l’activité des médias et, pour l’heure, les chiffres rapportés ne sont pas vérifiables de sources professionnelles et indépendantes.

Ces aléas arithmétiques ne diminuent pas la réalité d’une critique du système qui s’intensifie, gagne la province et tente, sans doute, de s’organiser. Annoncée avant-hier, la levée de l’état d’urgence, après la bagatelle de 48 années de chape totalitaire, stimule visiblement l’attente de réformes profondes. Mais, dans un premier temps au moins, cette mesure, réclamée par les opposants, n’a pas modifié les réflexes répressifs du clan al-Assad. L’armée et les forces de sécurité, dévouées au chef de l’État, n’ont pas encore anticipé le virage promis vers un régime moins contraignant.

Face à ces faits, l’Occident ne peut rester silencieux. De plus en plus engagées en Libye, après avoir vite fait une croix, à Tunis et au Caire, sur des dirigeants beaucoup plus conciliants et coopératifs que les maîtres de Tripoli et de Damas, l’Europe et les États-Unis doivent élaborer une réponse juste et proportionnée à l’agitation en Syrie. Sous peine de donner raison à ceux qui pensent que ce pays n’est pas de haute importance, exportant peu de pétrole, et que ses liens avec l’Iran rendent son cas plus explosif que celui d’un Kadhafi lâché par certains pays arabes.

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