A partir d’aujourd’hui, il faudra donc compter en mois. Il en reste seulement 12, pile, avant le premier tour de l’élection présidentielle, le dimanche 22 avril 2012. Le quinquennat a si bien transformé le mandat du chef de l’État en un infernal compte à rebours qu’il semble avoir été tendu, depuis le début, vers cette dernière ligne droite.
«Je gouvernerai et réformerai jusqu’au dernier jour» a affirmé plusieurs fois l’actuel locataire de l’Élysée, jurant que lui ne gaspillerait pas une goutte de son énergie à sa réélection. Il le croyait peut-être, il l’espérait sans doute, dans l’illusion d’éternité que donnent les amples victoires.
Belle profession de foi qui ne résiste pas à la coalition de l’instinct de survie et de l’humaine précipitation de notre démocratie à se passionner pour le combat majeur qui la structure.
Dans un an, à la veille d’aller voter, toutes les projections d’aujourd’hui sembleront vieilles d’un siècle. Certaines feront sourire tant elles auront reposé sur des calculs vite dépassés et des équations aléatoires. Au grand casino des pronostics, on peut déjà parier sans trop de risque qu’aucune d’entre elles ne correspondra à la main finale. On peut faire ses jeux, bien sûr, mais rien n’est joué. Absolument rien.
Entre ce dimanche de 2011 et celui du printemps suivant, il n’y a pas seulement 365 jours (et un quart) et autant de révolutions terrestres. Il y a un temps qui comptera double ou triple tant il peut contenir de rebondissements qui changeront tout, parfois même d’un soir au matin. Il y a surtout une campagne électorale qui fera la différence.
Les amis du chef de l’État s’en rassurent au moment où leur héros est en très mauvaise posture dans les sondages avec une impopularité inédite pour un président de la République sortant et candidat à sa réélection. Tout est possible en effet, y compris le rejet du fameux rejet.
Mais au fond tout cela n’est peut-être que de peu d’importance. Osera-t-on écrire que dans cette présidentielle, le nom du vainqueur ne sera pas l’essentiel ? Qu’un président de gauche ne fera pas une politique radicalement différente de celle d’un président de droite ou du centre ?
Au-delà de la compétition, et elle s’annonce particulièrement violente, la vraie question qui est posée par la société toute entière c’est celle de la place du politique. Les candidats auront-ils le courage de la vérité ? D’avouer que leur pouvoir est limité ? Que le temps des hommes (ou des femmes) providentiels et autres hyperprésidences est définitivement révolu ? Que pour débloquer ce pays, il faudra savoir le responsabiliser, stimuler ses forces vives pour qu’elles trouvent par elles-mêmes, par le débat, et par la négociation contractuelle, des solutions sur mesure, forcément difficiles ? Cette apparente modestie serait une immense ambition pour une grande nation.
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