TOUT EST DIT

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vendredi 1 octobre 2010

Lula : le rêve brésilien


« Mais comment fait-il ? », se demandent, envieux, les autres présidents. Après huit ans de pouvoir, Luiz Inacio Lula non seulement n'est pas usé par la fonction, mais, au moment de quitter la scène, ce dimanche, il jouit du soutien de quatre Brésiliens sur cinq. « C'est le politicien le plus populaire de la Terre », dit de lui Obama. Lorsqu'un destin personnel rencontre une ère glorieuse dans la vie d'un pays, voilà le mythe en marche.


Le destin personnel, c'est celui d'un homme issu d'une famille pauvre de huit enfants. Ouvrier, syndicaliste, il va militer au temps de la dictature et devenir l'une des figures de proue des grands mouvements de grève des années 1970. C'est là que Lula perce sur la scène publique. C'est là que se forge son image d'homme du peuple gravissant les échelons, version brésilienne du rêve américain. Dans un pays pétri de contradictions culturelles et d'inégalités sociales, regorgeant autant de ressources naturelles que d'injustices.


Ces contradictions, le Brésil les conserve. On aurait tort d'ignorer les poches considérables de pauvreté qui demeurent derrière le miracle Lula. Mais son habileté aura été ¯ élu par une poussée populaire qui inquiétait les classes dirigeantes ¯ de faire monter tout le monde dans l'ascenseur social, qu'il incarne d'ailleurs si bien. Des favelas au conseil d'administration de Petrobras. En un mot, de jouer collectif. Et quand les Brésiliens jouent collectif, difficile de résister.


De fait, les résultats économiques et sociaux sont au rendez-vous du bilan. Patient dépendant du FMI, le Brésil, désormais dixième puissance économique mondiale, en est à présent l'un des mécènes, ce qui lui fait demander d'ailleurs un rôle accru à Washington. Tous les indices négatifs ont reculé. Le nombre de Brésiliens vivant sous le seuil de pauvreté a diminué de près de moitié.


Dans chaque domaine ¯ l'éducation, la santé... ¯ de vastes plans ont été lancés. Faim zéro, avec une distribution sans précédent d'allocations familiales. Lumière pour tous, avec l'installation de l'électricité pour des millions de foyers. Des crédits pour les petits paysans. Des bourses pour les enfants des bas revenus.700 000 étudiants ont bénéficié de ces programmes.


Chroniquement complexé par ses dimensions et son incapacité à en exploiter le potentiel, le Brésil a fini par croire en lui. Le doigté de Lula aura été de concilier ses idéaux de candidat issu de la gauche populaire avec la gestion d'une économie libérale en plein boom. Petrobras, le groupe pétrolier national, rivalise avec les plus grandes compagnies mondiales.


Il y a dix ans, les États-Unis absorbaient 28% des exportations brésiliennes. Aujourd'hui, à peine 10%. Derrière la Chine. C'est la carte Sud-Sud jouée par Lula. Économiquement, elle a réorienté les priorités vers les autres pays d'Amérique latine, plus généralement les émergents. Diplomatiquement, elle s'est traduite par un rôle accru sur la scène mondiale. Au besoin sans état d'âme, lorsqu'il s'est agi de parler avec Chavez, Castro ou Ahmadinejad.


« La plus grande erreur serait de sous-estimer les potentiels du Brésil », affirmait récemment le ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim. Le B de Bric, (Brésil, Russie, Inde, Chine) ne cache plus ses ambitions. Lula n'est plus, vive Lula! Mais la succession sera difficile.

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