TOUT EST DIT

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vendredi 6 août 2010

Sur la pointe des idées

Écran de fumée, diversion, sécurité, répression... Sentant peser sur eux le lourd reproche de la passivité face au discours de Grenoble, les socialistes sont un peu sortis du bois. Mais bien petitement et en se contentant d'opposer à l'offensive de Nicolas Sarkozy quelques tristounettes et formelles réactions. Le PS, si prompt à mettre en avant son modèle de solidarité et de lutte contre les inégalités, est resté très en dedans face aux propos du chef de l'État et à l'outrance du lien fait entre immigration et délinquance. Quelques pâles saillies de seconds couteaux là où on attendait de sonores couplets sur l'urgence qu'il y a à reconstruire la République et à donner à chaque Français, quelle que soit son origine, un avenir dans une société de justice.

Idéologiquement, le PS a tort. Il prend le risque de donner l'image d'un parti sans idéal et englué dans ses structures et sa cuisine. Mais stratégiquement, les socialistes ont raison de ne pas se laisser piéger dans un trop impulsif « Sarkozy-Front national même combat. » En clamant que Nicolas Sarkozy vire à l'extrême droite, ils ne feraient que lui donner un coup de main pour récupérer les voix du FN. De ces hésitations vient le sentiment, dans la position du Parti socialiste, d'une impuissance à proposer une alternative.

La situation est compliquée pour le PS coincé entre sa volonté de ne pas participer à la banalisation des idées de l'extrême droite et celle de capitaliser les mécontentements pour apparaître comme le meilleur opposant. Les socialistes savent d'expérience qu'il ne sert à rien de griller leur programme et leurs atouts trop tôt. Sans compter le risque de voir la dynamique détournée comme l'a été celle des écologistes dans le Grenelle de l'environnement.

Souvent à la peine avec le réalisme pragmatique et encore miné par les intérêts particuliers de ses élus, le PS aurait tort de croire que le très haut score promis à Marine Le Pen servira ses intérêts électoraux. Les stratégies étaient efficaces aux temps où la droite chiraquienne clamait qu'elle refusait toute alliance avec le FN. Or on remarque qu'en ces jours de surenchère, ceux qui disent qu'ils ne pactiseront pas avec l'extrême droite sont de moins en moins nombreux.

DANIEL RUIZ

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