Christian Blanc (secrétaire d'État au Grand Paris) et Alain Joyandet (Coopération) démissionnent. Au premier, on reproche d'avoir fait payer, par son ministère, 12 000 € de cigares. Au second, la location d'un avion privé aux frais de l'État et la validation contestée d'un permis de construire.
Mercredi, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il se séparerait, en octobre, des ministres qui adoptent des comportements « qui ne m'ont pas plu du tout ». Ce calendrier était un aveu indirect de faiblesse. Ces comportements sont d'autant plus mal vécus qu'ils surgissent à un moment où l'avenir n'a jamais été aussi angoissant.
En outre - et au-delà du cas d'Éric Woerth, ministre et trésorier d'un parti - personne, en France, n'a jamais clarifié la notion de conflit d'intérêt. Il n'est pas question d'illégalité, mais on peut évidemment y voir des fautes politiques ou morales.
On peut regretter l'emballement moutonnier des médias. On doit condamner les amalgames et les entorses à la présomption d'innocence. Mais on ne peut pas regretter que des médias, qui sont, par fonction, les vigiles de la démocratie, pointent les dysfonctionnements de notre système, lorsque ceux-ci sont avérés.
La révélation de ces dysfonctionnements par des fonctionnaires zélés, confirmée par les sanctions brandies par l'Élysée, est davantage le signe d'une dégradation de l'État que d'une vivacité de l'opposition.
À qui profitent ces polémiques ? Pas au pouvoir, évidemment. La cote de l'exécutif baisse et certains craignent que la réforme - emblématique - des retraites ne s'en trouve compromise. L'annonce, trois mois à l'avance, que le gouvernement va être remanié, enlève aussi toute autorité aux propos des ministres. Il n'est guère que François Fillon, débarrassé de tout rival, avocat de la réforme des retraites, qui en sort conforté.
Pas non plus à l'opposition. La gauche, atterrée par les propos de Ségolène Royal, redoute le procès en acharnement et sait qu'à trop en faire, elle joue contre son camp.
Ces polémiques profitent surtout aux protestataires, qu'elles abreuvent d'arguments nourrissant leur populisme. Michel Rocard et Simone Veil ont d'ailleurs aussitôt tiré la sonnette d'alarme : il faut vite désamorcer tout ce qui conduit à la crise de régime et nourrit les extrémismes.
Cet affaiblissement du pouvoir est fâcheux. La crise, dont on est loin d'avoir vu l'issue, exige des dirigeants forts et rassembleurs. Cette situation est en train d'abîmer le crédit de la classe politique.
(*) politique.blogs.ouest-france.fr
Michel Urvoy (*)
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