TOUT EST DIT

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jeudi 22 juillet 2010

Apple, entreprise du XXI e siècle


En 1983, Steve Jobs contacte le président de Pepsico, John Sculley, pour lui proposer le poste de PDG d'Apple, entreprise déjà célèbre mais bien plus modeste que le géant de l'agroalimentaire. « Voulez-vous passer le reste de votre vie à vendre de l'eau sucrée ou voulez vous avoir une chance de changer le monde ? », lui demande-t-il ?

Presque trente ans plus tard, la prophétie s'est réalisée, sans le Sculley en question, mais toujours avec Steve Jobs. Apple a effectivement changé le monde, par ses produits bien sûr, mais aussi par sa manière de faire des affaires. Elle est en quelque sorte le parangon de l'entreprise de ce début de XXI e siècle, comme le furent ses compatriotes Ford vers 1930, General Motors en 1950 ou General Electric en 1990, l'exemple à suivre.

Sur le plan des produits, Apple, on le sait, est l'entreprise qui a démocratisé le numérique et l'Internet mobile . Entamée en 2001 par l'iPod, cette révolution des usages trouve sa source dans une capacité d'innovation hors du commun.

Celle-ci s'est appuyée sur un modèle en rupture totale, combinant une intégration unique de l'offre au consommateur - matériel, logiciel et service sont maison -, avec une désintégration de la chaîne de la valeur. L'entreprise s'est réfugiée aux deux extrémités du spectre : la conception et le marketing d'un côté, la vente et le contact client de l'autre. Tout ce qui est au milieu, production et logistique, est sous-traité, essentiellement en Chine.

Ce modèle redoutablement efficace présente néanmoins un inconvénient majeur, du moins pour la société. La firme emploie 25.000 personnes aux Etats-Unis, dont la moitié dans ses magasins, et en fait travailler dix fois plus en Chine chez son principal sous-traitant. A titre de comparaison, son concurrent finlandais Nokia, resté peut-être pour son malheur une entreprise du XX e siècle, emploie, pour un chiffre d'affaires équivalent, cinq fois plus de personnes dans le monde dont la moitié en Europe.

Un tel déséquilibre fait d'Apple un bien piètre contributeur à l'emploi américain, alors qu'il y réalise la moitié de ses ventes. De nombreuses voix, comme celle d'Andy Grove, l'ancien patron d'Intel, commencent à s'en offusquer. L'Amérique, dit-il, y perd non seulement ses emplois, mais aussi ses compétences. La leçon vaut pour l'Europe.

L'entreprise du XXI e siècle doit donc encore trouver son modèle de responsabilité sociale. Car, si les plantureux profits d'aujourd'hui ne sont plus les emplois de demain, il n'est pas sûr qu'en ces temps de crise, les consommateurs et/ou les citoyens supportent longtemps ces comportements de passagers clandestins de la mondialisation.

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