Inutile de se tordre la langue pour tenter une explication « politiquement correcte » : ce que propose la Commission de Bruxelles signifie la mise sous contrôle de tous les budgets nationaux. Ils ne pourraient être adoptés par leurs parlements respectifs, tant pour les recettes que pour les dépenses, qu'après l'aval européen.
Les souverainistes de droite et de gauche hurlent à l'unisson contre cette « prétention ». Elle représenterait, il faut bien le reconnaître, un considérable transfert de pouvoir en direction d'un fédéralisme (autre mot tabou) qui, un jour ou l'autre, aboutirait à la constitution des Etats Unis d'Europe. Pourtant, la logique de la Commission est inattaquable : à partir du moment où les Etats peuvent, en cas de nécessité, disposer d'un énorme fonds de soutien (750 milliards € et sans doute davantage), un contrôle est légitime. Ne serait-ce que par justice, pour que les « fourmis » ne paient pas pour les « cigales ».
Mais que de problèmes ! D'abord, si tous les Etats de l'UE sont tenus à respecter les critères de Maastricht, les seuls vraiment directement concernés seraient les seize de l'euro (bientôt 17 avec l'Estonie... que la crise grecque n'a pas découragée à vouloir rejoindre le « club »). Ce qui signifie aussi qu'une Europe à deux vitesses (ou plus) va être créée de facto. Tant mieux. A chacun de choisir. Ainsi, le Royaume-Uni, qui ne participe pas aux nouveaux fonds de soutien, aura tout loisir de s'occuper de sa livre sterling défroquée et de ses déficits... bien plus importants que ceux de l'Espagne.
Ensuite se pose la question de la légitimité démocratique de la Commission de Bruxelles. Elle n'a été confirmée qu'en marge du traité de Lisbonne qui n'entrera vraiment en vigueur qu'à partir de 2014. Elle n'est pas un « gouvernement » fédéral obligé de rendre compte devant le Parlement européen, la seule assemblée (mal) élue de l'UE. Et que cette Commission, synonyme de quintessence bureaucratique, donne l'exemple ! Les frais de fonctionnement de l'UE témoignent d'une incroyable gabegie. Que penser d'une « politique étrangère commune » proche du zéro absolu et « servie » par 5000 hauts fonctionnaires payés par le contribuable ? Que dire des « déménagements » mensuels du Parlement européen de Strasbourg (seul siège officiel) à Bruxelles ? Sous la tacite approbation de tous les gouvernements français, il est vrai...
Conclusion ? Oui, la Commission de Bruxelles a le droit de proposer la mise sous tutelle des budgets nationaux. A condition d'être irréprochable et légitime. Et ce sera aux peuples d'Europe de décider, pourquoi pas par référendum ? Jamais, surtout jamais, aux eurocrates.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire