TOUT EST DIT

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dimanche 2 mai 2010

Gaffes politiques


Bon, c’est un fait, ce n’est ni très digne, ni très élégant de traiter une dame, retraitée, qui plus est de votre bord politique, de « bigot » (« espèce de sectaire » a-t-on traduit). Le mot, en français, apparaîtrait moins virulent mais tout aussi désobligeant : on se souvient des « bigotes » de Jacques Brel. De là à considérer que l’expression, malencontreusement saisie dans un micro alors qu’il s’adressait en aparté à ses conseillers, est la « gaffe » susceptible de faire chuter le premier ministre Gordon Brown, à la veille des élections législatives britanniques, il y a un pas que les médias d’outre-Manche avaient, hier, franchi avec ardeur.

Le premier ministre travailliste n’est pas le premier, ni le dernier sans doute, à se faire piéger de la sorte. Les technologies de la communication, aussi puissantes qu’indiscrètes, et la rapidité avec laquelle son et images se répandent sur Internet rendent redoutables et quasi planétaires tout laisser-aller, toute approximation linguistique, toute plaisanterie de mauvais goût, tout dérapage choquant. Certains responsables politiques, « gaffeurs » patentés, en jouent même, soit pour peaufiner leur image de personnage simple, au style naturel et sans prétention, soit pour provoquer. Heureusement, se dit le citoyen lambda, que certains échanges privés échappent ainsi à la curiosité publique : on sait des professionnels confrontés à de rudes réalités qui, pour tenir à distance l’émotion ou faire retomber la pression, usent d’un humour cynique inaudible pour d’autres qu’eux-mêmes.

Les responsables politiques ne devraient jamais faillir. On les aimerait maîtres de leurs nerfs et, en toutes circonstances, courtois, pertinents, orateurs impeccables… Ils ne le sont pas. À vrai dire, s’ils poliçaient parfaitement leur discours et leur attitude, ils n’auraient que l’apparence d’une totale équanimité. Alors, non au dérapage (souvent prémédité), et indulgence pour la gaffe. C’est sur les programmes et les convictions de leurs dirigeants que les électeurs britanniques et leurs médias – d’un flegme inébranlable, comme il se doit – se prononceront jeudi prochain.




Dominique Quinio

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