Partout en Europe, les fonctionnaires découvrent la rigueur. Ce à quoi nous assistons depuis quelques jours constitue un tournant majeur dans les politiques économiques européennes puisque des gouvernements de pays importants ont décidé de prendre, vis-à-vis des fonctionnaires, des mesures sans précédent récent. Mercredi, le gouvernement espagnol avait annoncé une réduction des salaires publics de 5% dès juin, puis un gel en 2011. Un départ à la retraite sur dix seulement sera remplacé. Hier, c’est le Portugal qui est passé à l’action : gel des rémunérations jusqu’en 2013 et suppression de 75.000 postes. La Grèce a, on le sait, supprimé les 13 et 14ème mois de ses fonctionnaires. Dans les trois cas, ce sont des gouvernements socialistes qui ont considéré ne pas avoir le choix parce que l’état de leurs finances publiques inquiète (leurs déficits 2009 ont tourné autour de 10-12-14% du PIB).
Ils ne sont pas les seuls. D’autres pays européens les avaient précédé même si on y avait moins prêté attention : l’Irlande, la Hongrie, la Roumanie, la Lettonie. On parle maintenant de l’Italie.
Pourquoi ce choix ? Le levier de la fonction publique est le plus efficace à court terme sur le déficit public, il suffit d’appuyer sur un bouton – le pari étant de desserrer l’étau en envoyant des signaux clairs. Mettre à contribution les fonctionnaires qui ont la sécurité de l’emploi, c’est aussi pratiquer, considèrent ces gouvernements, une forme d’équité par rapport au secteur privé, qui a vu (surtout en Espagne) une explosion du chômage.
Cet argument aura cependant du mal à passer auprès des fonctionnaires. Et pas non plus le fait que la crise des finances publiques de ces pays n’a pas pour cause la crise financière, mais que celle-ci a simplement révélé que leurs modèles économiques n’étaient pas tenables.
Mais les décisions prises sont évidemment très risquées. Sur le plan social : les syndicats du secteur public sont puissants. Sur le plan économique : parce que ces pays ont besoin de croissance et d’une consommation qui se tient. Sur le plan politique : parce que les gouvernements Zapatero et Socrates (au Portugal) sont affaiblis – pour ne parler que d’eux. Il suffisait de voir la tête, blême, de José Luis Zapatero mercredi.
On rentre, partout, vraiment dans le « dur » de la rigueur, dans tous les sens du terme. Et elle n’évitera pas plus la France que le nuage de Tchernobyl ne l’avait contournée.
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