Après la folle semaine de « l'affaire de la rumeur », l'intensité va-t-elle enfin baisser sur la scène politique pour laisser les discussions sur la réforme des retraites commencer dans un minimum de sérénité ? Rien n'est moins sûr. La tension n'est pas encore retombée que des révélations au conditionnel sur la stratégie du président de la République pour faire remplacer, plus tôt que prévu, Patrick de Carolis par Alexandre Bompard, le patron d'Europe1, à la tête de France Télévisions, ont pris de la consistance tout au long du week-end. Il apparaît clair, en effet, que le chef de l'État n'attendra pas la mi-août pour user de son nouveau pouvoir de nomination au risque de se voir reprocher, une fois encore, une pratique très impatiente de ses fonctions.
Une fois encore, en effet, « l'hyperprésidence » bouscule sans trop d'état d'âme des équilibres qui semblaient avoir apaisé les relations entre le pouvoir et la télé. Le président ne semble pas vouloir admettre que ce type de comportement, justifié par un souci d'efficacité, finit par agacer un nombre grandissant de Français, si on en croit les enquêtes d'opinion et leurs courbes descendantes.
Mais plus encore que la personnalité présidentielle, c'est son style et avec lui le fonctionnement du régime qui sont en question. « Personne ne comprend plus qui fait quoi », confessait carrément, hier matin, le président de l'Assemblée nationale dans le JDD en avouant sa gêne devant la confusion qui règne dans les relations entre l'Élysée, Matignon, les députés UMP et leur parti.
La chute de popularité du président de la République a stimulé les contestations. Même le principe de la rupture, ouvertement critiqué hier par Alain Juppé, a trouvé ses limites, et certains prétendants n'hésitent plus à se mettre sur les rangs pour la candidature en 2012... au cas où...
Une telle audace aurait été impensable il y a seulement quelques mois. Elle montre à quel point l'autorité du président s'est effritée rapidement dès le lendemain des régionales, bien au-delà d'un résultat catastrophique et des sentiments à l'égard du locataire de l'Élysée. Maintenant, chacun parle, boude publiquement, critique... y compris sur des textes emblématiques. C'est nouveau.
En déstructurant systématiquement nombre de précautions anciennes de la République, jugées poussiéreuses, le président a fini par en subir l'effet boomerang. La mécanique du quinquennat, qui met une pression permanente sur la vie politique, se retourne aujourd'hui contre lui. Elle a amplifié certains travers de la Ve République en court-circuitant, plus souvent que d'ordinaire le rythme parlementaire, perturbé par les pulsations de la présidentielle suivante. Plus que jamais, ce régime est en surrégime.
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