TOUT EST DIT

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vendredi 30 avril 2010

Faire soi-même

Faisons-le nous-mêmes ! Quoi donc ? Eh bien tout ce qui est possible : bricoler, réparer, réhabiliter son logement, jardiner, coudre, cuisiner... Faisons-le nous-mêmes et faisons-le ensemble. Eh oui, nous le pouvons et cela nous rapproche des autres. On apprend par eux, on leur apprend aussi nos petits trucs, nos tours de mains. En effet, tout le monde n'est pas doué de la même façon pour les mêmes choses. Beaucoup ne savent pas s'y prendre et s'imaginent à tort qu'ils ne pourront jamais s'y mettre. Alors, souvent, on laisse aller et le logement se dégrade. On achète du tout fait pour se nourrir au lieu de cuisiner. On jette au lieu de réparer.

Faire soi-même et faire ensemble rend heureux, améliore les relations de voisinage, de quartier et l'on a la satisfaction d'avoir accompli quelque chose. C'est ce qu'expliquent Daniel Cérézuelle et Guy Roustang dans leur livre L'autoproduction accompagnée, un levier de changement (1).

Certaines municipalités ont créé, par exemple, des jardins familiaux, comme on avait fait, jadis, des jardins ouvriers. Il s'agit de petits terrains mis à la disposition des particuliers pour qu'ils y plantent et y cultivent ce qu'ils souhaitent : fruits, légumes ou simplement des fleurs. Ceux qui s'adonnent à cette activité s'expriment ainsi par exemple : « J'ai un jardin pour faire des économies et pour être dehors » ; « Oui, le jardin fait faire des économies. Maintenant, on n'achète plus de légumes, cela permet de boucler les fins de mois et puis les légumes sont meilleurs » ; « Quand il y en a trop, on en donne aux autres » ; « Quand on part en vacances, c'est le voisin qui vient arroser... »

Favoriser l'autoproduction accompagnée

Il en va de même pour la réhabilitation du logement. Ainsi cette mère qui vit seule avec ses huit enfants. Son fils de 17 ans traînait dans les escaliers. Une action de réhabilitation a été entreprise. Le garçon a étonné tout le monde en s'y mettant lui aussi. Il a refait la douche, posé le carrelage, etc. Il n'a plus maille à partir avec la police et la justice. Il a repris une formation. Dans Ouest-France, nous avons cité de beaux exemples de ce genre, pratiqués dans l'Ouest. Chaque fois, ils témoignent de l'amélioration des rapports sociaux. Ce qui est aussi important que les effets techniques et doit inciter à les soutenir.

« En produisant des biens et des services pour notre propre consommation et celle de notre entourage, nous apprenons l'autonomie au quotidien. Ces pratiques sont une occasion de coopérer, d'échanger, de donner. Elles ont un rôle de construction de la personne et de socialisation. » (1).

On attribue souvent le « déficit éducatif » au manque d'emploi, mais des spécialistes estiment qu'il est aussi le résultat du manque de faire, du manque de réalisations concrètes personnelles. En ce 1er mai, fête du travail, il est bon d'évoquer le travail aussi sous ces aspects. Il y a en effet des gestes qui parlent et du travail personnel qui forme celui qui le pratique. Un de nos grands généraux disait à ses soldats : « Fais-le ! Ça se fera et ça te fera ! ».

Encore faut-il aider à l'autoproduction, c'est-à-dire l'accompagner, la soutenir, orienter ceux qui désirent se lancer dans des savoir-faire de la vie quotidienne. Là, nous ne sommes pas impuissants. Les personnes en difficultés sociales, il faut le répéter, ont des capacités. Elles sont détentrices d'un potentiel qui a pu se trouver bloqué et qui peut être libéré et développé.

Pour toutes ces raisons, il est important et urgent de faire connaître et de diffuser cette démarche d'accompagnement à l'autoproduction. Il faut pour cela des « politiques appropriées associant acteurs privés et institutions publiques » (1).

(1) Pades (Programme autoproduction et développement social) - Éditions ERES, 33 avenue Marcel-Dassault, 31500 Toulouse.

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