Les rêves, sommations, aspirations et projets qui ont fait les grandes envolées de la campagne électorale sont loin. Ayant choisi leurs présidents et vice-présidents, voilà les conseillers régionaux ramenés au principe de réalité. Dans une France qui souffre et n'a pas fini de subir les assauts de la crise.
Que peut faire la collectivité régionale pour aider les Français à sortir du marasme économique ? Beaucoup et peu. Dans le concert des territoires européens, les régions françaises sont des naines tant sur le plan budgétaire que du point de vue de leur champ d'action. Les Régions ont certes une compétence générale. Mais leur marge de manoeuvre budgétaire est si mince, et sans doute encore en voie de rétrécissement à la faveur de la réforme de la taxe professionnelle, que leur capacité d'influence reste bien ténue.
Les pôles de compétitivité ? C'est d'abord un instrument de l'État, lequel sifflera la fin du jeu quand il veut. Les aides aux entreprises ? Un saupoudrage sans rapport avec les attentes réelles du monde économique. Les fonds de la formation et les lycées ? Un véritable enjeu encore dépourvu d'une pensée stratégique.
La dernière réforme des collectivités, sous le gouvernement Raffarin, n'a pas eu le courage d'imposer un rôle de pilote en matière économique à la Région, cantonnée à une sympathique mission de coordination. On peut estimer, de ce fait, qu'une bonne dizaine d'années a été perdue pour donner efficacité et cohérence à l'architecture des collectivités.
On prête au nouveau président du conseil régional d'Alsace, Philippe Richert, une véritable "vista" en la matière. Avec la volonté de bouger les lignes, de s'affranchir des conservatismes, d'affirmer une stratégie de développement économique pour l'Alsace. Pour autant est-il décisif d'innover alors que le mandat qui s'ouvre n'aura qu'une durée de quatre ans, avant l'émergence des futurs conseillers économiques territoriaux ?
Le gouvernement est dès à présent confronté à la perspective des échéances électorales de 2011 (cantonales) et 2012 (présidentielle et législatives). On peut craindre que, tétanisé voire aigri par la sortie des urnes du 21 mars, il ne se réfugie à son tour dans une abstention de circonstance qui remettra à des jours meilleurs la France « enfin forte de ses régions » dont rêvait Adrien Zeller. Un souhait qui n'est sans doute pas pour demain.
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