Visiblement, TF1 a de plus en plus de mal à parler d'une seule voix. Le séminaire qui a réuni, mercredi 14 et jeudi 15 octobre à Chantilly (Oise), les cent principaux cadres du groupe a été marqué par la rivalité entre le PDG, Nonce Paolini, et son nouveau directeur général, Axel Duroux. Entre deux chasses au trésor et autres "jeux" - des activités organisées, selon le mot d'un participant, pour "stimuler la solidarité entre les salariés" -, les cadres de TF1 ont été témoins de dissonances répétées entre les deux dirigeants.
Absent du séminaire mercredi après-midi pour cause de retransmission sur TF1 du match de football France-Autriche au Stade de France, M. Duroux a fait entendre sa différence dans l'après-midi du jeudi, lors de la conclusion de la conférence. M. Paolini venait de se féliciter du niveau d'audience actuel de TF1, compte tenu du contexte. Selon lui, malgré la montée en puissance de la Télévision numérique terrestre (TNT) et la violence de la crise, TF1 ne s'en sortirait pas si mal avec un peu plus de 26 % de part d'audience. Prenant à son tour la parole, M. Duroux a affirmé qu'une chaîne comme TF1 ne saurait se contenter de 26 % de part d'audience mais doit viser les 30 %. Comme avant la crise et la TNT.
Cette divergence n'a pas été la seule. Les deux dirigeants ont aussi affiché publiquement leurs différents sur le dossier de la radio numérique terrestre (RNT). Quand M. Paolini se prononce notamment pour une diversification de TF1 dans la radio numérique, M. Duroux se demande au contraire si la chaîne privée ne doit pas se concentrer sur son "coeur de métier" ; la télévision. Pour nombre de cadres, ces discours dissonants sont plus interprétés comme une querelle d'ego que comme des divergences stratégiques profondes.
Ces oppositions publiques répétées auraient néanmoins, comme l'indique sous couvert d'anonymat un participant, "créé le malaise parmi les cadres". Au point que le présentateur du "13 heures", Jean-Pierre Pernaut, également délégué syndical CFTC, s'est senti obligé d'intervenir. Selon lui, ce séminaire comportait trop de "process", réunions et autres comités, et pas assez de "contenu". On n'y parlait pas assez de télévision. Une "sortie un peu injuste", comme l'indique un autre participant, car Jean-Pierre Pernaut "n'aurait pas assisté à tout le séminaire".
Il n'empêche, la réunion de Chantilly est loin d'avoir dissipé les malentendus au sommet de TF1. "Ce qui est gênant c'est qu'on ne sent pas d'alignement entre Nonce Paolini et Axel Duroux", indique un cadre. Un autre souligne que leur "association est plus difficile que complémentaire". Pour d'autres cadres du groupe, la messe est dite. Le duo Nonce Paolini-Axel Duroux est "un tandem qui ne pourra pas fonctionner", prévoit l'un. Depuis Chantilly, "tout le monde a le sentiment que c'est un casting improbable", renchérit un autre.
Surtout, cet accrochage intervient après une algarade entre les deux dirigeants. Début octobre, Axel Duroux a eu une explication très sonore avec Nonce Paolini. Enfermés deux heures, seuls dans le Club TF1, le restaurant privé au huitième étage de la chaîne, les deux hommes se sont affrontés verbalement pour définir les contours de leurs attributions respectives. M. Duroux aurait même menacé de démissionner. TF1 a reconnu l'existence de "tensions" et de "relations compliquées" entre les deux hommes. Ils ont d'ailleurs été reçus, le 5 octobre, par Martin Bouygues, propriétaire de TF1.
Selon la Une, M. Bouygues n'aurait en aucun cas "tranché sur une nouvelle répartition des responsabilités". Il n'empêche, depuis cette convocation, M. Paolini s'est recentré sur la gestion opérationnelle du groupe tandis que M. Duroux se concentre davantage sur "les contenus" de la chaîne.
Guy Dutheil
Je suis visiblement le seul à considérer Paolini comme étant une tare évidente.
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