mardi 24 mars 2015
jeudi 12 mars 2015
Et si pour sauver la France, on créait encore quelques taxes ?
Mes amis, la situation est grave. Comme en attestent les récentes déclarations du Premier ministre, le fascisme est à nos portes et les courageuses réformes entreprises par toute l’équipe gouvernementale ne suffiront pas à créer immédiatement les quatre millions d’emplois (au moins) dont le pays a besoin. Tout le monde politique de gauche a donc phosphoré très fort pour trouver une solution rapide, et la voilà, en deux pistes aussi distinctes que les traces laissées par les roues de bois cerclées de fer d’une diligence dans la boue des campagnes françaises au dix-huitième siècle. C’est à la fois novateur et courageux : on nous propose de créer deux nouvelles taxes.
Il suffisait d’y penser ! C’est connu, le plus gros problème actuel de la France est le chômage la désindustrialisation la dette publique l’insécurité la corruption le délitement politique le Front National la faiblesse des collectes d’impôts.
Pour lutter contre ce fléau, deux axes sont possibles : d’une part, s’assurer que la collecte est optimale, et d’autre part, l’augmenter.
Pour s’assurer son optimalité, rien de tel que de lancer, enfin, courageusement, une nouvelle lutte contre l’évasion fiscale. D’abord, ceci n’a jamais été tenté, parce que c’est à la fois difficile (personne ne sait où sont les paradis fiscaux, pardi !), parce que le sujet est super-technique et parce qu’il implique des hommes politiques capitalistes sans foi ni loi. Ensuite, cette fois-ci, c’est différent. Pour rappel, nous sommes gouvernés par des Socialistes, des purs, des vrais, des probes et droits dans leurs bottes, ce qui place cette nouvelle lutte contre l’évasion fiscale sous les meilleurs auspices. Forcément.
Et comme ce n’est qu’un problème technique, on va trouver une réponse technique. C’est ainsi qu’un nouveau rapport réalisé à la demande de France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon, et présenté le 9 mars dernier, propose la mise en place de nouvelles taxes au niveau européen ou d’un noyau de pays pour contrer les pratiques d’optimisation fiscale, avec quelques exemples : une taxe sur la valeur des revenus publicitaires des entreprises, ou, à défaut, une taxe fondée sur le nombre d’utilisateurs (internautes ou annonceurs) d’une plateforme, ou encore sur les flux de données. Ah, et puis on pourrait aussi moduler le taux d’imposition pour les entreprises qui exploitent (salodexploiteurs !) les données personnelles des internautes en les revendant ou les stockant pour des publicités ciblées.
Bon. Bien sûr, la mise en œuvre de chacune de ces idées lumineuses est, techniquement, très simple (la réalité est gentille). En outre, elle ne comporte aucun effet de bord probable, ce qui ne sera donc évoqué nulle part. Par exemple, où commencent et s’arrêtent les données personnelles des internautes, quelle entreprise n’en stocke pas et surtout n’en exploite aucune pour les revendre ou cibler ses pubs ? Quelle entreprise acceptera de rester en France pour s’y faire taxer si, en changeant de frontière, cela lui permet d’éviter la taxe ? (ici, répondre qu’il faut une taxe mondiale ne peut déclencher qu’un petit sourire…) Hum, que voilà une assiette bien définie et qui promet d’intéressants développements !
D’autre part, quel bénéfice en retirera le citoyen français, qui est – en toute bonne logique – l’unique centre d’intérêt de nos gouvernants, ne l’oublions pas ? Avec cette traque assidue des plus grandes entreprises de l’internet, il y a fort à parier que l’internaute citoyen va devoir changer ses habitudes. Dans le meilleur des cas, les entreprises seront toujours accessibles pour lui, mais hébergées ailleurs qu’en France. L’emploi y perdra ce que la propreté fiscale y gagnera. Le bilan économique seracatastrophique ouvert à débat, mais je crois qu’on s’en fiche ici, la situation du pays permettant largement ce genre d’écarts.
Dans le pire des cas, le gouvernement (ou les gouvernements concernés), voyant que le consommateur se débrouille tout de même pour accéder aux services sans que l’entreprise puisse être taxée, interdiront son commerce sur les sols concernés. Bien joué : les internautes contourneront par l’une ou l’autre mesure l’interdiction, ou arrêteront purement et simplement de consommer ces biens. Mission accomplie : l’entreprise ne sera plus taxable, parce qu’elle ne fera plus d’affaires.
C’est, à l’évidence, un gain pour tous, puisqu’il n’y aura alors plus aucun revenu à évader. Notez ce terme d’évasion, qu’on emploie normalement pour les prisons. Notez aussi celui de paradis fiscal, qu’on emploie par opposition à enfer fiscal et demandez-vous si les nouveaux miradors fiscaux protègeront bien les Français contre les évasions d’entreprises de l’enfer fiscal qu’ils sont en train de se construire…
…
N’oublions pas l’autre axe : après avoir optimisé la collecte, il faudra aussi l’augmenter, et ainsi, vous verrez, les comptes publics s’équilibreront. Forcément.
Et pour l’augmenter, quelle meilleure idée que celle qui consiste à étendre des taxes qui existent déjà à des domaines où elles ne sont pas (encore) d’application ? C’est dans les tuyaux depuis un moment (pensez donc, François Hollande est pour depuis plus de six mois), et cela revient maintenant avec insistance : vite, vite, mettons en place une jolie redevance télévisuelle sur les tablettes et les ordinateurs !
C’est vrai, quoi, à la fin ! Il y en a assez de tous ces millions d’internautes qui gobent sur leurs tablettes et sur leurs ordinateurs des millions d’heures d’émissions de quälitay produites par France Télévision sans payer la redevance ! Combien d’heures de Plus Belle La Vie entièrement visionnées sur des supports mobiles qui n’ont pas payé leur écot à la Production Française Culturelle De Haut Niveau ?
Heureusement qu’il y a quelques personnes qui ont réfléchi à ce problème, et qui ont rassemblé le résultat de leurs réflexions dans le rapport Schwartz. Il faut dire que ce rapport constate l’alarmante réduction du nombre de foyers disposant d’une télé, avec en parallèle une hausse toujours plus importante des foyers qui regardent certaines émissions sur des tablettes ou des ordinateurs. Si on continue comme ça, bientôt, les gens n’utiliseront plus une télé mais de simples moniteurs sans tuner, que la loi n’a pas prévu de taxer pour la redevance, et – horreur ! – ces gens regarderont sur leurs tablettes, en douce et sans payer, les trésors d’inventivité, de qualité et de culture que nos chaînes publiques débitent généreusement !
C’est dit : une redevance générale s’impose sur ces supports oubliés de la législation fiscale. Tout comme pour empêcher les vilaines évasions de notre bel enfer fiscal, ce sera facile à mettre en œuvre sur le plan technique, je vous l’assure, et ce sera double plus bon pour le pouvoir d’achat des Français (qui ne demandent que ça !). Et puis, je vous assure que la Culture y gagnera ce que cette mesquinerie de pouvoir d’achat y perdra, et c’est tant mieux.
Aaah, décidément, que la vie est simple en Socialie !
Un problème survient ? L’État légifère ! Le problème empire ? L’État l’interdit, pardi. Et s’il ne peut pas l’interdire ? Eh bien, il le taxe ! Et forcément, ensuite, ça marche mieux. Forcément.
mardi 10 mars 2015
Une ministre, deux manifs
Les professions médicales ont ceci de commun avec les commerçants, artisans et autres indépendants que ce ne sont pas des forcenés de la protestation. On ne les voit qu’assez rarement défiler dans les rues, et encore moins faire grève : pour les uns, personnels médicaux, arrêter le travail est une entorse à leur sens de la déontologie ; pour les autres, les équilibres sont souvent tellement précaires que perdre un ou plusieurs jours de revenu serait suicidaire. Et pourtant, les voilà derrière des banderoles. Les uns contre le RSI (le Régime social des indépendants), les autres contre la loi Touraine. Les uns contre les dysfonctionnements administratifs, la lourdeur bureaucratique, l’autisme des grands systèmes à l’égard des individus. Les autres contre la menace d’être soumis au Léviathan étatique, à une administration toute-puissante qui deviendrait leur source principale (unique ?) de rémunération.
On pourra objecter qu’une fois de plus, des lobbies cherchent à bloquer toute tentative de réforme. Ce serait une erreur : ceux qui battent le pavé ne le font pas pour défendre un privilège, une rente, un statut exorbitant du lot commun, mais pour éviter un enfermement dans le système, parfois même un étranglement par celui-ci. Tout, dans la loi Touraine, est pensé au nom du dogme d’une médecine gratuite mais rien n’est fait pour améliorer la croissance ou l’emploi, pourtant priorité du gouvernement. Tout, dans le fonctionnement abracadabrantesque du RSI, aboutit à pressurer les cotisants, mais rien ne parvient à simplifier, alléger, fluidifier leurs rapports avec cette bureaucratie. Dans une France profondément déboussolée, prête à s’en remettre au Front national, attiser les foyers de mécontentement au cœur de la médecine et laisser pourrir le dossier du RSI est une folie. Marisol Touraine en porte une large responsabilité.
dimanche 1 mars 2015
Michel Rocard alerte sur les dérives qui mènent au «suicide de l'humanité»
Dans son livre «Suicide de l'Occident, suicide de l'humanité ?», Michel Rocard alerte sur les dérives qui affectent notre civilisation. L'ancien premier ministre socialiste propose quelques «traitements» et nous confie qu'il faut «repenser le temps de travail».
Michel Rocard tire la sonnette d'alarme. Dans son livre «Suicide de l'Occident, suicide de l'humanité?», publié aux éditions Flammarion, l'ancien premier ministre socialiste dresse un portrait très sombre de la période que nous traversons et met en garde contre les dérives qui menacent l'humanité. «Nous sommes actuellement face à une demi-douzaine de crises n'ayant rien à voir les unes avec les autres. La plus facile à définir c'est la crise écologique», confie Michel Rocard au Figaro.
● La planète se réchauffe
«Il y a une limite à la possibilité de préserver notre planète avec nos conditions de vie actuelle. La pollution nous empoisonne. Les ressources naturelles ne sont pas éternelles: il n'y aura par exemple plus de poissons dans moins de 30 ou 40 ans. L'effet de serre augmente et si nous continuons, nous allons transformer la planète en poêle à frire!», indique l'ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique. A ce titre, l'année 2014 a été sacrée année la plus chaude jamais enregistrée sur le globe.
● Les inégalités n'ont jamais été aussi fortes
L'ancien premier ministre socialiste alerte en outre sur la hausse des inégalités. Il constate que «les inégalités à l'intérieur des sociétés n'ont jamais été aussi fortes en plus d'un siècle». Ses conclusions s'appuient sur une analyse du coefficient de Gini.
Cet économiste d'origine italienne a mis au point au milieu du XX siècle un indice pour la mesure des inégalités. L'indice est compris entre 0 et 1 et une collectivité dont l'indice de Gini vaut 0 voit tous ses membres bénéficier de revenus strictement égaux à l'inverse lorsqu'elle est à 1 signifie qu'un seul individu s'approprie tous les revenus disponibles.
En outre, la concentration des richesses aux mains d'une minorité toujours plus petite est illustrée par l'évolution des revenus perçus par les 1% les plus riches.
● «Nous avons perdu le savoir-faire de limiter les crises»
«Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une régulation mondiale faite d'un commun accord a permis de lutter contre la spéculation. La période des Trente Glorieuses dominée par la pensée de Keynes avait ainsi un cadre financier international stable et les crises financières ont disparu du fonctionnement habituel du capitalisme. Mais depuis que cette doctrine a été abandonnée dans les années 1990, nous connaissons une méga crise mondiale et financière tous les quatre ou cinq ans. Nous avons perdu le savoir-faire de limiter les crises qu'on avait construit avant», déplore ainsi l'ancien premier ministre.
Pour démontrer que le système financier est instable depuis la fin des années 1990, l'analyse de Michel Rocard s'appuie sur ce graphique extrait d'un document de travail du FMI des économistes Reinhart & Rogoff.
● «Les marchés financent de moins en moins l'économie réelle»
«On a besoin de finance, on a besoin d'une finance saine. Je ne hais pas la finance, je la hais quand elle est malsaine. La spéculation est malsaine», nous confie l'ancien premier ministre. Or, il constate qu'en «pays développés, les banques et les marchés financent de moins en moins l'investissement et l'économie réelle en générale».
La Banque des règlements internationaux (BRI) estime que le montant total des liquidités circulant dans le monde atteint près de 700 trillions de dollars en juin 2011. «Ces liquidités représentent près de trois fois le produit brut mondial», indique Michel Rocard dans son livre. Il note en outre que «la part de ces liquidités dont le volume et les emplois sont liés à l'économie réelle est très faible. La somme de celles fondées sur des matières premières ou même des actifs boursiers est négligeable (...) près des trois quarts sont des paris mutuels entre opérateurs», écrit Michel Rocard.
● Quelques «traitements»
Face à ce sombre constat, Michel Rocard dresse une liste de plusieurs remèdes. Selon lui, «il faut repenser le temps de travail (...) Les salariés doivent aussi pouvoir disposer de temps libre. La société à croissance lente, faible production industrielle et moindres dommages écologiques dont nous avons besoin pour la survie de l'espèce, ne pourra être mise en place que si le temps libre qu'elle suppose est demandé et souhaité», nous confie Michel Rocard.
«Il faut des traitements mais les États ne peuvent pas tout faire, la société civile doit aussi s'impliquer. On peut probablement gagner le combat écologique, à condition toutefois de s'y prendre assez vite, par des mesures politiques des grands gouvernements de la planète. Ce n'est pas improbable mais cela se fera au prix d'un changement économique, un changement de l'incitation au profit personnel. Il faut laisser toute sa place à tout ce qui est non marchand dans la sphère économique, comme les coopératives. Il faut aussi, comme avec la micro-finance, retrouver le rôle de l'argent sans qu'il retombe dans ses dérives».
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