vendredi 6 février 2015
Le gouvernement grec va devoir composer avec les réalités économiques... (et ça ne l'arrange pas vraiment)
Le Premier ministre grec, à l’issue de sa tournée en Europe et de la fermeté de la BCE, a été obligé de revenir sur ses promesses et de reconnaitre qu’il lui faudra reprendre le programme de réformes. Tsipras admet que s’il voulait profiter des avantages de l’euro, il ne pouvait pas s’affranchir de quelques obligations élémentaires.
La journée d’hier a imposé une épreuve douloureuse au Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et à son ministre de l’Économie, Yanis Varoufakis. Alors que le Premier ministre était venu à Paris, espérant que François Hollande lui apporte un soutien en espèces, il est reparti les mains vides... ou plutôt non pas vide, pleines de déception.
La France, comme l’ensemble des pays européens, refusent cette procédure d’annulation de dettes que demandent les Grecs. Ils refusent pour des raisons de principes d’abord, mais les principes on pourrait s’assoir dessus. C’est aussi pour des raisons financières, parce que cela risquerait de mettre en difficulté trois grandes banques françaises : la Société Générale, la BNP et le Crédit Agricole qui ont 45 milliards de crédits.
Plus grave, il n’a obtenu un soutien politique que très symbolique. Quand le chef du gouvernement grec a indiqué au Président qu'il comptait sur la France pour relancer la croissance en Europe, beaucoup se sont demandés s’il plaisantait ou pas. Le Président français lui a répondu du bout des lèvres. Et pour cause, la France aurait du mal à donner des leçons de croissance vu que depuis deux ans et demi la gouvernance de François Hollande tourne en rond et s’avère incapable de relancer la croissance en France.
Pendant ce temps-là, le ministre de l’Économie est allé, tel un cow-boy, demander de l’aide à la BCE, où il s’est fait accueillir très fraichement. Pas question, pour Mario Draghi de refinancer les banques grecques avant que le Premier ministre ait négocié un nouveau programme avec la zone euro. En moins d’une heure la rencontre a été pliée.
Au moins, les choses sont claires. Le gouvernement grec a trois semaines pour trouver des financements. C’est-à-dire pour présenter un plan cohérent qui pourra être négocié à Bruxelles et à Francfort. Le ministre de l’Économie a ce plan sous le coude depuis pas mal de temps. Il lui fallait créer un psychodrame en Europe pour faire passer la pilule aux Grecs qui auront du mal à l’avaler. Après cette tournée désastreuse, ils pourront expliquer qu’ils n’ont pas le choix.
Le plan demandera un rééchelonnement, une sorte de dette perpétuelle. Il s’engagera à rembourser sans dire quand précisément. Personne ne sera dupe mais les règles comptables seront respectées. On évite les effets systémiques.
La BCE, comme toutes les banques centrales du monde, va prendre de la mauvaise dette. Dans le droit bancaire cela s’appelle une structure de défaisance. On avait créé une telle structure pour éponger les dettes du Crédit Lyonnais épuisé par la folie des grandeurs de la gouvernance Mitterrand.
Mais il va falloir que la Grèce reprenne son programme de réforme. Beaucoup font mine de découvrir que la Grèce est sous tutelle, mais ce n’est pas nouveau. La Grèce est sous tutelle depuis 2011. Comme n’importe quelle entreprise en difficulté. L’intérêt de tous, c’est que la Grèce puisse se relever afin de sauver le peuple grec de la misère et sauver les créances de la ruine. La procédure de mise en tutelle est plutôt une bonne procédure pour protéger les autres d’un dysfonctionnement.
Cette affaire appelle deux remarques qui peuvent être salutaires pour l’avenir.
1ère remarque, la communauté européenne a assez bien fonctionné contrairement à ce qui s’est passé lors des crises précédentes. La Grèce qui s’était mise dans l’idée de créer la zizanie entre les partenaires, de les mettre en désaccords en espérant en tirer des avantages, n’a pas réussi. Les membres de la zone euro sont restés tous sur la même ligne obligeant le gouvernement grec à amender ses ambitions.
2ème remarque, pour arriver au pouvoir, la gauche radicale a empilé les promessesqui sont irréalisables.
Alexis Tsipras aussi jeune soit-il, aussi énergique soit-il, a totalement nié la réalité. Il vient de dire pour la première fois que la Grèce est potentiellement en faillite depuis dix ans et qu’elle n’a jamais rien fait pour s’en sortir au contraire.
On a menti aux Grecs. La majorité qui gouverne la Grèce a menti au peuple grec pour être élue, alors qu'elle aurait pu lui dire la vérité. Elle le pouvait.
Ça rappelle quand même étrangement l’attitude de François Hollande au moment de la présidentielle. Pas besoin d’expliquer la vérité parce que la croissance reviendra comme par miracle, pensait-il.
Mais en économie comme en politique, les miracles n’existent pas. Les partis extrêmes qui en font commerce en profitent mais ils se déconsidèrent aussi. Quand les électeurs grecs vont s’apercevoir qu’ils ont été trompés, ils vont se détourner de leurs dirigeants. En France, il a fallu moins de six mois pour que la réputation de François Hollande s’effondre.
Si au moins, les grands partis de gouvernement, en profitaient pour présenter des programmes responsables et compatibles avec les réalités, on aurait une chance d’avancer. Si la démocratie permet partout en Europe, à des gouvernants d’arriver au pouvoir en promettant tout et son contraire, on ne donnera pas cher de la démocratie.
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