vendredi 6 février 2015
Il a « changé »
Un président régalien. Tel est apparu François Hollande pour sa conférence de presse semestrielle. Et ce n'est pas par hasard, après la séquence tragique de janvier, que le chef de l'État qui fut à la hauteur de l'enjeu apparaisse comme occupant bien l'habit du président de la République. « J'ai changé ! », a-t-il confié, rappelant en cela Jacques Chirac qui avait changé avec la mort de François Mitterrand ou Nicolas Sarkozy qui avait changé avec la crise financière de 2008. Un président qui a d'ailleurs choisi le thème présidentiel par excellence, celui de la politique étrangère pour créer la surprise.
Cette surprise, c'est le voyage à Kiev. Il y a là de multiples sens. D'abord, la France renoue avec son rôle diplomatique se tournant vers un de ses plus anciens alliés, la Russie. Ensuite, François Hollande et la chancelière allemande replacent l'Europe au centre du jeu. Car l'Ukraine et la Russie sont nos plus proches voisins. C'est enfin pour Hollande une manière de confirmer qu'il faut parler avec la Russie et en particulier avec son président, Vladimir Poutine.
Avec le voyage à Kiev, François Hollande relance très fortement le couple franco-allemand qui avait eu un lien relâché au début du quinquennat. Et d'ailleurs, le président a justement rappelé que lorsque la France et l'Allemagne sont unies « ça pèse dans le monde ». D'autres dossiers vont arriver sur la table, au premier chef celui de la dette de la Grèce pour lequel François Hollande veut être un médiateur. Et pour réussir, il aura besoin d'Angela Merkel.
Un président régalien. En rappelant l'esprit du 11 janvier, en se posant en défenseur des valeurs de la République, en plaidant à plusieurs reprises pour l'unité nationale, François Hollande aura joué le registre du président au-dessus des questions d'intendance domestique. Ce n'est certes pas suffisant pour répondre aux attentes du quotidien des Français. Ce n'est pas assez pour se relancer dans le lourd dossier du chômage de masse. Mais c'est important que dans des circonstances exceptionnelles, le président de la République endosse les habits du père de la Nation.
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