dimanche 24 août 2014
Les bonnes solutions des socialistes
Politiquement, les vacances sont finies. Le premier conseil des ministres de la rentrée vient d’avoir lieu, et l’exécutif s’agite à nouveau pour tenter de présenter comme autre façade une fébrilité peu rassurante aux médias qui tentent d’y comprendre quelque chose dans la direction prise par le chef de l’État. Pour lui, c’est pourtant évident : c’est la crise, certes, mais de courageuses interventions sont en cours.
Et voilà donc notre François qui s’élance dans un long entretien accordé au Monde. Dans celui-ci, outre quelques paragraphes juteux pour expliquer qu’il faut, avec l’argent qui nous manquepour nos propres armées, aider les rebelles pas tous Syriens à tuer des Syriens pour bien faire comprendre que tuer des Syriens, c’est très mal, le chef de l’État a décidé d’annoncer deux nouvelles réformes. L’une visera à rendre plus juste et plus simple le barème de l’impôt sur le revenu, « notamment pour les premières tranches » parce que chacun sait que les tranches suivantes sont déjà simples et justes. L’autre, nous explique-t-il avec sa diction si fluide, fusionnera la prime pour l’emploi avec le RSA activité, histoire de favoriser tagada la reprise du travail et améliorer la rémunération des salariés précaires tsoin-tsoin.
Bien évidemment, on est immédiatement frappé par la précision quasi-chirurgicale de ces réformes, leur ampleur qui, à n’en pas douter, pourra toucher un grand nombre de personnes, et leur profondeur qui va, à l’évidence, donner un coup de fouet magistral à toute l’économie française qui en avait bien besoin. En outre, l’avalanche de détails fournis par le chef de l’État et le calendrier précis qu’il fournit permettent immédiatement de se faire une image claire de ce qui va se passer, comment, quand, et d’anticiper les grands effets positifs de ces réformes hardies.
Autrement dit et comme d’habitude, on continue à nager dans une purée épaisse.
Le saupoudrage mal boutiqué de la PPE sera donc sur-bricolé avec celui du RSA activité, l’ensemble aboutissant à un nouvel ensemble gazier à tubulures chromées que Bercy (l’intendance) organisera pour que la production de prouts fiscaux continue sans interruption. On comprend aussi que ces petits bidules ne modifieront pas les grandes tendances du pays, même pas à la marge : l’argent distribué change un peu de forme, et c’est tout ; il est donc toujours prélevé, ce qui veut dire que ceux qui étaient ponctionnés pour abonder le RSA et la PPE continueront donc à l’être. Pour eux, que ce soit pour le RSA-truc, la PPE-machin ou le nouveau bidule hollandiste, le changement sera diaphane.
Histoire d’accentuer l’ampleur de toutes ces réformes, Hollande en a profité pour demander à son premier ministre de présenter (vite, vite) un plan de relance, pour le logement. Relance, parce que c’est un mot à la mode au moins depuis 2008, et qu’elle a montré toute son efficacité à l’époque pour redresser les comptes de la France et montrera, on en est certain, une même réussite dans les prochains mois. Et pour le logement, parce que les dernières lois votées ont largement débroussaillé le terrain. À la dynamite. Ajoutons l’interventionnisme traditionnel pour « inciter davantage » les établissements financiers à prêter aux PME, qui promet là encore de donner des résultats époustouflants, et on comprend que le proche avenir sera manifestement truffé de ces bonnes idées, pas déjà tentées, pas déjà avortées et dont les résultats ne sont pas déjà connus. La reprise est au bout, c’est évident.
Au milieu, l’envie affichée d’en découdre avec les professions règlementées et la législation du travail dominical laisse extrêmement perplexe. Certes, il faudra, un jour, en passer par là et on se doit d’applaudir l’idée générale de remettre en question des monopoles maintenant devenus largement caducs. Mais Montebourg, désigné pour se cogner le travail entre deux frétillances médiatiques, est-il vraiment le ministre adapté ? En outre, le précédent des artisans-taxis et des hôteliers montre à quel point le gouvernement, pleutre, pourrait bien faire marche arrière plus vite même qu’il n’a tenté quelque chose.
Et, là encore, on peine à voir comment ces déverrouillages monopolistiques permettront de redresser rapidement la situation économique en France.
La réalité, c’est qu’il va falloir des mesures autrement plus graves, autrement plus couillues et autrement mieux préparées pour espérer déclencher autre chose qu’un mouvement d’épaules de la part des observateurs attentifs de l’économie française. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à juger la situation très préoccupante, et il est probable qu’ils n’accorderont guère d’importance aux propositions hollandistes, tant elles trimballent leur habituel parfum de naphtaline et affichent une taille microscopique.
Et quand on voit les autres solutions balancées sur la table, discrètement, par les habituels bricoleurs de l’improbable comme Jacques Attali, on ne peut que s’inquiéter.
Ce dernier propose (de façon assez détendue du portefeuille d’autant qu’il est, après tout, dans le fameux 1%) une solide augmentation de TVA. Apparemment, il aime tendrement réduire le pouvoir d’achat et le train de vie des Français et préfère très clairement cette solution à celle, diamétralement opposée, qui consisterait à diminuer celui de l’État, auquel on sent fort attaché le philosophe/ écrivain/ économiste/ chef d’orchestre/ destroutoureur d’intemporel officiel de la République.
Et histoire de bien destroutourer, il propose une augmentation de trois points de la TVA. Pour lui, c’est évident : comme nous sommes en déflation, les prix n’augmentent pas et c’est donc « le moment absolument formidable et unique pour augmenter la TVA ». Et même avec trois points de plus, comme il y a une concurrence féroce entre les producteurs, les prix n’augmenteront pas. Garanti sur facture, en quelque sorte.
Peut-être. Mais dans ce cas, cela veut dire que les marges des entreprises se rétréciront encore. Cela veut dire que les salaires n’augmenteront pas. Et cela veut aussi dire que, les individus étant toujours obligés de se nourrir et de se loger, cela se traduira mécaniquement par une baisse de pouvoir d’achat, dans le meilleur des cas. Dans le pire, les marges des entreprises se transformant en pertes, le chômage augmentera.
Pour rappel, il a déjà été montré à de nombreuses reprises qu’une austérité qui se traduit par une augmentation des taxes et des impôts n’aboutit jamais à faire repartir la croissance. La seule austérité qui fonctionne est celle, bien plus douloureuse, qui consiste à diminuer le poids de l’État et des dépenses publiques.
Or, pendant que Hollande bricole des annonces de réformes et des réformes d’annonces, la dette, elle, continue de grimper et dépasse de façon officielle les 2000 milliards d’euros. Le déficit se porte toujours aussi bien et explosera largement les 4% de PIB planifiés, pourtant déjà trop gros. La réforme de l’État n’a toujours pas eu lieu. Les dépenses publiques grossissent toujours. Et puisque l’idée d’augmenter la TVA semble à ce point géniale, simple et presque indolore à mettre en place, elle sera rapidement dans les tuyaux.
Ce pays est foutu.
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