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jeudi 20 mars 2014

Le coup de grâce

Le coup de grâce


La publication par Mediapart, mardi soir, de sept extraits des écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy portent-elles le « coup de grâce » à l'ex-président ? Jamais un présumé innocent ne fut considéré aussi catégoriquement comme coupable. Forcément coupable. Drôle d'emballement qui conduit Nicolas Sarkozy à une condamnation médiatique préventive avant même d'avoir été mis en examen et jugé pour « trafic d'influence » et « violation du secret de l'instruction ». Que de réels soupçons pèsent sur lui est évident, et il serait bien imprudent d'affirmer qu'il est forcément innocent.
On ne peut s'empêcher de penser qu'avant de payer pour des faits sur lesquels enquêtent les magistrats instructeurs, Nicolas Sarkozy paye déjà pour toutes les brimades, vexations, intrusions, bravades, dont il s'est rendu coupable dans l'exercice de son hyper présidence. S'il y a acharnement contre lui aujourd'hui, c'est en réponse à ses débordements dans l'exercice du pouvoir. Ce qui ne devrait pas suffire, à justifier aujourd'hui un traitement d'exception à son endroit.
Magistrats, politiques et journalistes seraient bien inspirés de ne pas se laisser emporter par une forme d'hystérie ambiante. Tous ont à y perdre auprès de l'opinion. Au sein de l'appareil judiciaire ou policier, ceux qui, à l'évidence, alimentent les médias de fuites diverses, manquent gravement à leur devoir. Dans quel but ? Chez les politiques, l'hypocrisie est totale lorsque sont affirmés l'indépendance de la justice et le respect de la présomption d'innocence, mais que se multiplient les jugements sans appel avant de savoir… « si tout cela est vrai ! ».
Restent les journalistes qui ne doivent pas devenir les ennemis de leur propre liberté en se laissant « utiliser » ou manipuler. La pratique du « feuilletonage » des révélations, à partir de « fuites » intéressées et savamment distillées dans des moments opportuns, fait aussi peser des doutes sur l'indépendance des journalistes et d'éventuelles connivences. Rien ne serait pire que de voir se généraliser une « société du soupçon » perdant confiance en ses élites. Le vrai « coup de grâce » serait alors pour notre démocratie.

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