TOUT EST DIT

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vendredi 21 novembre 2014

Affaire Jouyet : les "fourberies" de Fillon ; Sarkozy : "zemmourisé" pour gagner ? ; Manuel Valls : départ programmé ?

Mais aussi les précisions de l'auteur de "Sarko s'est tuer" sur l'affaire Fillon-Jouyet, Sarkozy à nouveau devant Juppé chez les sympathisants UMP, la menace Jean-Noël Guérini au PS, et, et, et... le sondage-alerte sur le droit de vote des étrangers. Y'a encore du matos dans la revue de presse des hebdos !
Un petit point sur l'affaire Fillon/Jouyet, pour commencer ? Quinze jours après l'explosion de la bombe, lâchée dans les bonnes feuilles de "Sarko s'est tuer" publiées le 6 novembre dans "L'Obs" (voir la RP du même jour), "Les Inrocks" ont eu la bonne idée d'aller interviewer Fabrice Lhomme, co-auteur du livre qui a mis le feu aux poudres. Et ? Hé bé, c'est en-dessous, té !

Qui a la bonne version de l'histoire ?
"Au début de "Sarko s'est tuer", lancent "Les Inrocks", vous relatez le déjeuner entre François Fillon et Jean-Pierre Jouyet où l'ancien Premier ministre aurait demandé au secrétaire général de l'Elysée de faire pression pour accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy.
Le troisième homme présent, Antoine Gosset-Grainville, a contredit cette version et accrédite le démenti de Fillon. Quelle est la bonne version ?" —"Notre version s'appuie sur trois sources, explique Fabrice Lhomme. On rencontre Jouyet en tant qu'acteur d'une possible affaire de pression politique. Il nous confirme une information que on (sic) tient de la droite, confortée par une troisième source. Les participants se sont manifestement fait l'écho de son contenu à l'extérieur. François Fillon aurait demandé une intervention. Mais sans enregistrement, on ne peut rien certifier à 100 %. En revanche, on sait avec certitude que Jouyet est allé trouver François Hollande à la suite de ce déjeuner pour lui dire que Fillon avait demandé d'accélérer les procédures visant Sarkozy. (...) L'erreur dans cette histoire est de considérer Jouyet comme une sourceIl est impliqué dans une histoire, on cherche à lui demander sa version. Je passe par le conseiller communication de l'Elysée et ensuite Jouyet nous rappelle. C'est notre premier entretien avec lui, probablement le dernier". Probablement, oui... Si considérer Jouyet comme une source était nul doute une erreur, il reste que le secrétaire général de l'Elysée a, apparemment, livré une info qu'il n'aurait pas dû donner. Avait-il le choix, en même temps, dans la mesure où il était "impliqué" et était, de fait, obligé de donner sa version ? C'est assez casse-tête, cette histoire...

Quand "Sarko s'est tuer" ressuscite Sarkozy
"A propos de Nicolas Sarkozy, vous soulignez sa "faculté proprement fascinante à creuser sa propre tombe". Ne venez-vous pas, ironie de l'histoire, de le déterrer et de le ressusciter en révélant l'affaire Fillon/Jouyet ?" demandent "Les Inrocks" à Fabrice Lhomme. —"Bien sûr, cette affaire renforce son côté victime, admet le journaliste. Si les faits se sont produits tels que les a relatés Jean-Pierre Jouyet, Sarkozy est victime d'une tentative d'instrumentalisation de la justice par François Fillon. Ce n'est pas contradictoire avec le livre. Nous expliquons qu'avec ce comportement, il s'est attiré beaucoup d'ennemis. L'affaire Fillon en est un cas emblématique". Convaincus par l'argument ? Ca fait peut-être un peu pirouette-cacahuète, là, non ?

Fillon "le fourbe"
Mais si on prenait l'affaire Jouyet par l'autre bout — le bout Fillon ? "Les fourberies de Fillon", c'est le titre de l'article — croquignolet — que "L'Obs" consacre au co-directeur de l'UMP... D'après le journal, qui l'a contacté, Nicolas Sarkozy "ne croit pas un mot des dénégations de son ancien Premier ministre. Depuis des mois, l'ancien député de la Sarthe se répand dans tout Paris en expliquant que Sarkozy sera rattrapé par les affaires et ne pourra pas être candidat en 2017..." "L'Obs" nous l'apprend également : l'ancien Premier ministre serait connu pour avoir des "méthodes pas toujours franches (...). "Tiens, regarde, voilà le fourbe". Invariablement, c'est ainsi que Jean-Louis Borloo ponctuait l'arrivée du chef de gouvernement de Nicolas Sarkozy, au conseil des ministres. (...) Jean-Pierre Raffarin n'est pas en reste. En 2003, lors des négociations sur la réforme des retraites, Fillon n'avait-il pas tenté de revenir subrepticement sur un engagement que Raffarin, alors Premier ministre, avait pourtant acté avec François Chérèque ? (...) l'avertissement de Jacques Chirac — qui n'a jamais aimé Fillon — lui est alors revenu en mémoire. "Méfie-toi, Jean-Pierre, lui avait dit Chirac. Dans un troupeau, il y a toujours une mauvaise bête, celle qui marche de travers. Eh, bien, Fillon, c'est la mauvaise bête"". Rhabillé pour l'hiver, le Fillon...
Le déjeuner a eu lieu la semaine où se décidait le paiement des pénalités par l'UMP
Histoire de semer un peu plus le doute, dans un article parallèle et complémentaire du premier, intitulé "La folle semaine qui a placé Sarkozy dans le viseur", "L'Obs" souligne une étrange coïncidence...
"Certes, note le journal, le déjeuner (de François Fillon) avec Jean-Pierre Jouyet, le mardi 24 (juin 2014), n'a aucune place dans la chronologie judiciaire officielle. Mais c'est bien cette semaine-là que s'est nouée l'intrigue (sur le paiement des pénalités par l'UMP)". Aha ? Mais encore... ? La date limite de dépôt des comptes, explique "L'Obs", était fixée au 30 juin. "Dès le 20 juin, soit la semaine précédant le fameux déjeuner, une réunion rassemble le préfet Philippe Gustin, directeur général de l'UMP, les deux commissaires aux comptes, ainsi que Gilles Boyer, qui représente Alain Juppé, Nathalie Etzenbach, représentante de François Fillon, et l'avocat historique de l'UMP, Philippe Blanchetier. Décision sera bien prise d'inscrire la pénalité en "charges"". 

"Tu veux taper Sarkozy. Pas moi"
"Mais ce jour-là, poursuit "L'Obs", un autre débat resurgit : ce paiement par le parti constitue-t-il un abus de confiance ? N'était-ce pas au candidat de payer lui-même ?" Dans le papier  consacré aux "fourberies de Fillon", l'hebdo détaille les positions respectives de Fillon, Juppé et Raffarin sur la question. "Faut-il ou non demander à l'ancien président de rembourser le parti ? Fillon le réclame. Pas question pour Raffarin qui rappelle que l'UMP dirigée par Sarkozy avait donné un sacré coup de main à Chirac en remboursant la mairie de Paris. Après avoir hésité, Juppé se range à l'avis de Raffarin. Et face à François Fillon qui insiste, le maire de Bordeaux lui lance alors : "Tu veux taper Sarkozy. Pas moi". Encore ce mot "taper" ?! La phrase attribuée à Fillon lors du déjeuner avec Jouyet, c'était pas : ""Mais tapez vite, tapez vite ! Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir" (voir la RP du 6 novembre) ? On a beau dire, ça en fait des coïncidences...

François Fillon a-t-il omis de déclarer certains revenus ?
Comme si cela ne suffisait pas, "L'Obs" nous livre une drôle d'info "en exclusivité". "François Fillon a-t-il omis de déclarer certains revenus à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique ?, s'interroge l'hebdo. Dans sa déclaration d'intérêts, l'ancien Premier ministre se présente comme "conseil", profession qu'il exerce par le biais de sa société, 2F Conseil, créée le 7 juin 2012. L'étrangeté est qu'il a déclaré seulement les salaires reçus de sa société entre mi-2012 et fin 2013, soit 220 000 euros, et pas les bénéfices, soit 123 107 euros qui, selon nos informations, ont pourtant bien été virés sur son compte courant durant l'année 2014. Son entourage affirme que "bénéfices et salaires ne s'ajoutent pas, ils se recouvrent"". 1 partout, la balle au centre ?

Abrogation de la loi Taubira : Nicolas Sarkozy zemmourisé ?
Et puisqu'il était question à l'instant de l'ancien président, Matthieu Croissandeau s'insurge dans "L'Obs" contre la promesse donnée par Nicolas Sarkozy d'abroger la loi Taubira. "Après avoir tergiversé un temps, le candidat à la présidence de l'UMP a donc opté pour un grand n'importe quoi juridique et sociétal. Car on voit mal comment cohabiteraient demain des couples d'homosexuels mariés et des couples empêchés de se marier, voire des couples "démariés" — qui sait ? — par une nouvelle loi... (...) Nicolas Sarkozy, qui se targuait autrefois de vouloir débloquer la France, s'est fermement arrimé aux franges les plus conservatrices et les plus réactionnaires de son électorat. Victime consentante de la "zemmourisation" des esprits qui veut faire croire aux Français que c'était mieux avant, faute de pouvoir les convaincre que ça ira mieux demain. Abroger la loi Taubira, en voilà tout un programme ! Depuis qu'il est redescendu dans l'arène, Sarkozy n'a rien trouvé de plus innovant... C'est à se demander ce qu'il a fait pendant deux ans".

Sarkozy l'inconstant
Vous allez dire que c'est un avis "de gauche"... Dans "Le Point", qui rappelle en trois dates et trois citations des plus parlantes "les variations de Sarkozy sur le mariage gay", Franz-Olivier Giesbert n'est pas moins acide... "Nicolas Sarkozy, écrit-il, n'a pas tiré les leçons du passé, il fait toujours du Sarkozy et court en tous sens, ventre à terre, derrière l'électeur. (...) alors que l'ancien président est bien placé pour succéder à M. Copé à la tête de l'UMP, il faut encore qu'il se hausse du col, quitte à se déjuger, entre deux contorsions. Cette inconstance qui donne le tournis est sans doute la principale faiblesse de M. Sarkozy face à ses principaux adversaires pour l'élection présidentielle de 2017 (...). Le discours à géométrie variable de l'ancien président ne semble plus adapté à un pays qui croit de moins en moins, et pour cause, à ce que les politiciens lui racontent : cette foire aux annonces fait vieillot. D'où le ratage de son retour en scène".
Pourquoi Nicolas Sarkozy durcit le ton
"Pourquoi prendre le risque de durcir le ton sur l'immigration, de s'exprimer devant les militants de Sens commun, opposés au mariage pour tous ? Et, au passage, commettre l'erreur de leur concéder le mot "abroger" ? Pour trois raisons, explique "Challenges". La première est une question de plaisir. Un dirigeant de l'UMP raconte : "Cela l'éclate, le côté rock star, avec une salle qui réagit (...)". La deuxième est une question d'honneur, d'ego. Avant de se lancer dans la bataille, il avait fixé comme objectif de dépasser les 80 %. S'il fait moins, ce serait une énorme déconvenue (...). La troisième est une question d'efficacité.
L'ancien président veut avoir les mains libres pour organiser le nouveau parti, et ce sera plus difficile de rabrouer les opposants si son score est inférieur à 70 %". 

Sarkozy s'est piéger — dixit Morano et NKM
Cette promesse d'"abrogation" faite aux anti-mariage pour tous est-elle vraiment efficace ? Dans la rubrique "En toute indiscrétion" qu'il tient dans "Challenges", Nicolas Domenach livre cette information : "Dixit Nadine Morano, Nicolas Sarkozy, en se ralliant à l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage pour tous, est "tombé dans un piège" tendu par un "sous-courant extrémiste de l'UMP". Selon elle, "cette question relève de la plateforme présidentielle, et non du programme du président du parti". Un point de vue partagé par Nathalie Kosciusko-Morizet". Et qui accrédite la thèse défendue par Fabrice Lhomme et Gérard Davet dans "Sarkozy s'est tuer"...

Sarkozy re-devant Juppé auprès des sympathisants UMP
Piégé ou pas, Nicolas Sarkozy, en appuyant sur la pédale de droite, a en tout cas repris l'avantage sur Alain Juppé auprès des sympathisants UMP... D'après le baromètre Ipsos-"Le Point", il recueille 83 % de bonnes opinions contre 76 % pour le maire de Bordeaux. Ce dernier reste la personnalité politique préférée des Français, "avec une remarquable stabilité à 54 % d'opinions favorables, note "Le Point". Si l'on s'en tient aux présidentiables, le maire de Bordeaux devance François Bayrou de 13 points, Nicolas Sarkozy de 17 points et François Fillon de 20 points". "Alain Juppé pourra-t-il tenir loin devant et au-dessus jusqu'en 2017 ?, s'interroge Franz-Olivier Giesbert dans son édito. (...) Sa popularité nouvelle est désormais le principal handicap de M. Juppé. Il y en a de pire..."

"Ce que Valls a dit à Bayrou"
Mais que traficotent donc Manuel Valls et François Bayrou ?, nous interrogions-nous la semaine dernière (voir la RP du 13 novembre). Grâce au "Point", on sait en tout cas "ce que Valls a dit à Bayrou" lors de leur mystérieuse entrevue. "François Bayrou, qui a longuement reçu Manuel Valls à Pau, le 6 novembre, estime que le Premier ministre prépare déjà son départ à Matignon, indique le mag. Pour le remplacer, le leader du MoDem parie que François Hollande nommera Martine Aubry comme chef du gouvernement."Valls pense que le PS va disparaître. Il veut incarner la social-démocratie. Il vise 2022", croit savoir le maire de Pau". En voilà du nouveau... (?!)

Valls : départ au printemps ?
Hasard ? Curieuse coïncidence, en tout cas : d'après "L'Obs", "le chef du gouvernement commence à prendre ses dispositions en prévision d'une année 2015 très éprouvante pour sa majorité. Aux élections départementales du mois de mars, qui s'annoncent comme une bérézina s'ajoute désormais la perspective d'un congrès national du Parti socialiste du 5 au 7 juin. (...) Si bien que le Premier ministre réfléchit à son départ de Matignon au lendemain des départementales... Et avant les régionales de novembre 2015, elles aussi très périlleuses. Il aurait informé François Hollande de cette hypothèse". Ah, ben, si François est prévenu...

Martine Aubry à Matignon ? Pas gagné
Quid de son remplacement ? Si François Bayrou parie sur Martine Aubry, les affaires semblent assez mal engagées, en fait, pour la maire de Lille. En découvrant les résultats du dernier baromètre Ifop-"Paris-Match", raconte Nicolas Domenach dans "Challenges", les proches du Premier ministre ont fait les "yeux ronds : "Manuel écrabouille Martine Aubry, qui prétend lui succéder à Matignon, mais avec un rapport de 65 à 34 en faveur de Valls chez les sympathisants PS, elle peut toujours s'accrocher"".

PS : le problème Guérini
Et puisque nous parlions de l'échéance des départementales de mars 2015, il semble qu'à Marseille, le PS n'en ait pas fini avec Jean-Michel Guérini... Comme le rappelle "Le Point", "le boss absolu de la gauche provençale", dont Renaud Muselier s'amuse à dire qu'"il a quand même tout le Code pénal sur la tête !", a réussi à "humilier ses anciens amis socialistes aux dernières sénatoriales. En septembre, il s'est fait élire à la Chambre haute avec deux comparses de sa liste". Pour le "contrer", indique le mag, "le PS n'a (...) qu'un moyen à court terme, présenter des candidats partout aux cantonales. "Et nous aurons un autre candidat que lui à la présidence du conseil général", nous révèle Jean-Christophe Cambadélis. Même si, pour l'heure, personne n'est désigné. "Ils finiront par soutenir Guérini parce que c'est le seul qui peut gagner", estime de son côté (le maire UMP de Marseille Jean-Claude) Gaudin". Ah oui ?

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