lundi 6 octobre 2014
Interpol’art, le noir lui va si bien
Alors que la 9e édition du festival Interpol’art se déroule le week-end prochain à Reims, retour sur la genèse de ce rendez-vous focalisé sur le genre littéraire le plus populaire.
Dans un autre siècle, Reims servait déjà de cadre à un événementiel focalisé sur le genre policier. Ce « polar » qui, sur grand écran ou dans les livres, prend à l’estomac et raconte des meurtres, des coups de feu et des enquêtes complexes. Qui met en scène détectives, flics, femmes de mauvaise vie, épouses bafouées, politicards corrompus, truands et tueurs, liste non exhaustive. En 1979 fut créé sous l’impulsion de Jacques Baudou un festival du roman et du film policier. L’aventure dura huit éditions. Dans l’une des dernières, des Rémois médusés purent voir un jour le regretté Peter Falk, alias l’inspecteur Colombo, débarquer en grande pompe au café du Palais pour recevoir les honneurs qui lui étaient dus.
Vingt ans après sa disparition, le festival ressuscita sous une nouvelle identité : Interpol’art, association née en 2005 de quelques nostalgiques et aujourd’hui présidée par Jacques Michelet. Modeste dans ses premières années, ce nouveau projet veut mêler roman, cinéma, musique, BD, gastronomie, arts graphiques, photographie et théâtre. Là encore, le temps a passé et Interpol’art, doucement, s’est étoffé. Certes loin encore, avec son budget de 24 000 € (dont 14 000 de subventions), des cadors de la catégorie comme le Quai du Polar à Lyon mais tout de même capable cette année de décrocher la présence des Pétros Markaris, Tobie Nathan, Alfredo Noriega, Romain Slocombe ou encore Marc Villard.
Un mot sur le premier nommé qui succède à Dominique Manotti en tant qu’invité d’honneur du festival : prix du polar européen Le Point en 2013 pour Liquidations à la grecque, premier volume d’une trilogie où meurtres et crise économique cohabitent, Markaris est également connu pour ses scénarios portés au cinéma par son compatriote Theo Angelopoulos, avec qui il partagea une palme d’or cannoise pour L’éternité et un jour (1998) et un Grand Prix pour Le regard d’Ulysse (1995). Une sacrée pointure, ce Markaris.
Parmi les invités les plus attendus figure Alfredo Noriega, dont il faut vite lire Mourir, la belle affaire (2013), roman très noir où l’auteur dissèque Quito, méconnue capitale de l’Équateur ; et côté Français, il n’est pas trop tard pour découvrir le style glacial, soigné et ultra-réaliste de Romain Slocombe (Première station avant l’abattoir fait dans l’espionnage historique,Monsieur le Commandant, retenu sur la liste Goncourt en 2011, dissèque la France collabo).
À la veille d’une 9e édition qui culminera le week-end prochain avec moult tables rondes (voir ci-dessous), la petite équipe du festival, complétée par une vingtaine de bénévoles, est en ébullition. Denys Ménétrey, directeur d’Interpol’art, résume d’une formule savoureuse :« En ce moment, on est obligés de jouer du piano des dix doigts. » Seul rendez-vous de l’année culturelle rémoise axé sur la littérature, Interpol’art « a pour but de jouer un rôle de passerelle, de découverte auprès de publics qu’on essaie d’élargir chaque année, fixe M. Ménétrey. Cette année, avec Tobie Nathan qui vient, on ouvre sur l’ethnopsychiatrie, c’est super intéressant… La ligne éditoriale de ce festival se bâtit au fur et à mesure. »
Évolution notable depuis trois ans, la volonté de multiplier les rencontres entre les scolaires et les auteurs invités, histoire que ces derniers transmettent le goût de la lecture, voire de l’écriture. Cette semaine, douze établissements répartis dans toute la région, écoles primaires, collèges et lycées, seront ainsi visités. Enfin, histoire de montrer que pour se pérenniser, un festival doit sans cesse se renouveler, Interpol’art s’offre aussi ses trois premiers rendez-vous cinéma (voir programme), histoire d’apprendre deux ou trois choses de plus sur l’argent, la mort, le pouvoir, la vie et la noirceur de celle-ci.
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