TOUT EST DIT

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jeudi 18 septembre 2014

Le combat exemplaire de 595 femmes de ménage grecques et la solidarité sans frontière

Depuis un an, tous les jours, un collectif de 595 femmes de ménages se bat et manifeste en Grèce pour la dignité, avec un soutien national et international croissant, des messages venant du monde entier, de Ken Loach par exemple. Elles ont été licenciées en septembre 2013 par leur employeur public, le Ministère des finances, sous la pression de la Troïka exigeant de fortes réductions de l’emploi public et des privatisations partout.
Peu importe que cette activité, désormais confiée à des sous-traitants privés, coûte presque aussi cher que les salaires de ces femmes, la rationalité économique est elle aussi battue en brèche au profit… des profits privés et de l’idéologie du « moins d’Etat ». Sans parler du fait que le secteur privé du nettoyage est, en Grèce, une sorte de mafia, très réputée en matière d’évasion fiscale… Au fond, la dette n’est pas le problème de ces « réformateurs ». Leur objectif est bel et bien une révolution conservatrice au service exclusif des grands intérêts privés. La dette est même devenue pour eux une formidable opportunité !
Ces femmes de ménage ont pourtant introduit et GAGNE un recours en justice mais, pour l’instant, le gouvernement n’en a cure. Il attend le verdict de la Cour suprême, dans quelques jours, le 23 septembre.
Ces femmes sont devenues un symbole de la résistance à une « occupation » économique et politique de la Grèce au nom d’une dette largement illégitime, propulsée vers le haut, encore aujourd’hui, par les politiques d’austérité menées depuis 2008-2009.
Qui plus est, ce sont des femmes qui luttent, des femmes occupant des emplois de service considérés, à tort, comme subalternes. Les femmes sont partout les premières victimes de l’austérité et de la démolition des services publics. Victimes comme salariées, et victimes comme principales bénéficiaires, de fait, de nombreux services publics ou associatifs : soin, éducation, petite enfance, personnes âgées, etc.
Le gouvernement actuel, bras armé de la Troïka, a sans doute estimé qu’il ne courait pas de grands risques en s’en prenant aux plus faibles, aux « classes inférieures », des femmes payées autour de 400/500 euros par mois, jugées non qualifiées voire pas très intelligentes, susceptibles donc d’accepter les salaires de misère proposés par les sous-traitants : environ la moitié de leur salaire actuel, sans protection sociale digne de ce nom. Il s’est lourdement trompé.
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Ces femmes, qui ont entre 45 et 57 ans, avec une proportion importante de mères élevant seules leurs enfants, de divorcées, de veuves ou de femmes de chômeurs, souvent surendettées elles-mêmes, ou devant s’occuper de personnes handicapées et de parents âgés, sans accès à une retraite anticipée, ont pourtant décidé de prendre en mains les choses, et leur propre vie. De mener leur lutte de façon autonome, d’inventer des formes d’action nouvelles en faisant quotidiennement un « mur humain » dans la rue (photo), en face de l’entrée du Ministère place Syntagma, un symbole de résistance. En imaginant avec intelligence et succès d’innombrables façons de se faire voir et entendre, d’obtenir un large soutien populaire. Avec, en face, régulièrement, un déploiement de forces de police n’hésitant pas à les brutaliser. Car, pour le gouvernement et la Troïka, c’est insupportable. Il faut au plus vite… faire le ménage.
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Leur combat a une très grande portée, bien au-delà de la Grèce. Il va se poursuivre et je vous en informerai.
PS. Je me suis inspiré pour certains passages de ce texte d’un article en anglais de Sonia Mitralia, militante grecque membre de « l’initiative des femmes contre la dette et l’austérité ». Voir ce lien.

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