TOUT EST DIT

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lundi 11 août 2014

Les inventions qui vont changer notre vie

Des Robots humanoïdes aux écrans étirables, les labos nous préparent des lendemains Décoiffants. Voici leurs prochaines trouvailles.


En mai dernier, deux jours durant, des experts de l’ONU ont planché sur le futur rôle des robots de combat autonomes, capables de sélectionner une cible et de décider de tirer sans que l’homme intervienne. Ceux-là mêmes auxquels la Marine américaine s’efforce d’inculquer des notions d’éthique (!) à coups de millions de dollars. Moins belliqueux, Google annonçait au même moment que sa voiture sans conducteur avait parcouru près de 1 million de kilomètres en milieu urbain sans accident. Plus proches de nous et de nos assiettes, les expériences de production de viande artificielle in vitro se multiplient pour tenter de résoudre les problèmes écologiques liés à l’élevage intensif et les crises alimentaires de demain. Réveillez-vous, le futur déboule ! A toute allure.
 
Il y a quinze ans, Google et Amazon balbutiaient, Facebook et Twitter n’existaient pas, les smartphones, écrans plats et tablettes n’étaient encore que des rêves d’ingénieurs tout comme la thérapie ­génique ou les nanoparticules. Quinze ans seulement et notre vie quotidienne a changé du tout au tout. Pour tenter de comprendre ce qui nous attend, ­Capital a décidé de donner un coup de projecteur sur les ­innovations en cours de développement dans les labos de ­recherche et les start-up.

Premier constat, la moisson est riche. Jamais sans doute la compétition n’a été aussi vive entre chercheurs et ingénieurs pour concevoir et développer les produits. D’ici peu, connectés en permanence grâce à une kyrielle d’objets qui vont devenir aussi communs que nos smartphones, nous serons mieux protégés, mieux soignés, mieux nourris et mieux transportés par des véhicules sobres en énergie et moins polluants. Deuxième bonne nouvelle, contrairement à ce que soutiennent les déclinistes, la France n’est pas si mal placée dans cette course au progrès technique. Il suffit de regarder les chiffres : avec au total 43 milliards d’euros injectés dans les labos publics et privés et quelque 240 000 chercheurs penchés sur leur paillasse, la recherche tricolore occupe le cinquième rang mondial. Elle représente 2,25% du PIB. C’est encore loin de l’objectif de 3% fixé au niveau européen, mais cela progresse.
Surtout, les scientifiques, qui se sont longtemps bouché le nez quand on leur parlait business, se lancent désormais avec passion dans la bataille, dopés par la mise en place d’incubateurs et de fonds publics d’amorçage. Plus d’un millier de start-up issues de recherches effectuées dans des labos publics du CNRS, du CEA, de l’Inria ou de l’Inserm ont ainsi été créées au cours de la dernière décennie. Et beaucoup d’entre elles sont très prometteuses, à l’image de Therapixel. Cette jeune pousse issue de l’Inria a mis au point un système capable de piloter à distance des appareils d’imagerie médicale, à la façon de Tom Cruise dans le film «Minority Report». D’autres, comme Genomic Vision, issue de l’Institut Pasteur et spécialisée dans le diagnostic moléculaire, sont déjà entrées en Bourse, avec succès.
Grâce à quoi les Français trônent aujourd’hui dans le peloton de tête mondial de plusieurs secteurs clés. C’est dans l’Hexagone qu’a été fabriqué, par Carmat, et implanté le premier cœur artificiel ; dans l’Hexagone que tourne la première usine de production de médicaments de thérapie cellulaire européenne, créée par CellforCure, à Saclay en région parisienne ; dans l’Hexagone encore que les ­robots humanoïdes les plus ­sophistiqués, conçus par Aldebaran, vont leur chemin cahotant, et que des ingénieurs de PSA ont mis au point le premier moteur hybride air-essence low-cost du monde.
Ces innovations ne sont pas un simple empilement de gadgets high-tech plus ou moins réservés aux geeks. Ce sont de réelles avancées, qui offrent une belle bouffée d’oxygène à notre économie et lui ouvrent les portes de marchés en plein développement, pourvoyeurs de croissance et d’emplois. Selon Bruno Bonnell, l’ancien président d’Infogrames depuis peu à la tête d’un fonds d’investissement doté de 80 millions d’euros, le seul secteur de la ­robotique «va créer plus d’emplois dans la prochaine décennie que ne l’a fait Internet au cours de ses dix premières ­années d’existence».
De fait, des assistants humanoïdes aux voitures autonomes en passant par les exosquelettes, les drones et les aspirateurs intelligents, les robots vont envahir notre quotidien. Selon les projections de la Fédération internationale de la robotique, leur poids dans l’économie planétaire devrait passer de 10 milliards de dollars aujourd’hui à 100 milliards dès 2020. Les thérapies cellulaires, qui vont peu à peu substituer aux traditionnels médicaments moléculaires des injections de cellules réparatrices, devraient peser pour leur part de 50 à 70 milliards de dollars à l’horizon 2030. Quant au marché de l’e-santé, avec ses objets connectés permettant le développement de la prévention et de la médecine à distance, il pourrait être une réponse aux défis financiers auxquels font face tous les systèmes de soins menacés par le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques.
Encore ne s’agit-il là que d’un échantillon. D’autres technologies de rupture apparaîtront sans doute, qui ne sont pas encore repérées. Et cette fois, c’est peut-être de Chine qu’elles ­débarqueront. En 2012, pour la première fois, le géant asiatique a investi davantage que l’Europe en R & D.

Patrick Chabert 

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