mardi 5 août 2014
Les chrétiens d’Orient ou la trahison de l’Occident
Le 31 Août 2013, les « Rafale » étaient prêts à décoller pour des frappes punitives contre la Syrie. C’est un appel téléphonique du Président Obama qui stoppa le faux pas de François Hollande : chef des Armées émoustillé par le succès malien ? Imitation de l’intervention française contre la Libye pour égaler Sarkozy ? Enthousiasme pour le Printemps Arabe et l’émergence de la démocratie musulmane ? Ce jour-là, Hollande faisait la démonstration de son incompétence : méconnaissance de la situation au Moyen-Orient, orientations idéologiques superficielles négligeant bien sûr les populations chrétiennes et séduites par le « progressisme » des opposants à Assad, alignement sur la politique à la fois unilatérale et confuse des Etats-Unis, alliés d’Israël, du Qatar et de l’Arabie Saoudite et adversaires de la Russie…
Un an plus tard, la situation et le discours ont changé. Les Chrétiens d’Orient sont spoliés, chassés, massacrés par des djihadistes qui ont objectivement profité de notre soutien à la rébellion syrienne. Les bandes de EIIL s’avancent vers Bagdad. Ce n’est pas un Etat. Ce n’est pas une armée classique. Ce sont des fanatiques peut-être infiltrés par d’anciens soldats de Saddam Hussein. Peut-être y-a-t-il des « français » parmi eux. Leur victoire menace la vie de nombreux Irakiens. C’est l’argument qui avait justifié l’action contre les troupes de Kadhafi devant Benghazi. Cette fois pourtant, les « Rafale » ne sont pas sur les pistes. L’Europe à l’instar d’Obama se mobilise… contre la Russie. La France se déclare prête à accueillir les Chrétiens demandeurs d’asile.
Comme l’a souligné le Cardinal Barbarin, ce n’est pas la solution. Les Chrétiens d’Orient sont évidemment chez eux de l’Egypte à l’Irak où ils étaient présents des siècles avant la conquête musulmane. Accepter leur exode, c’est renoncer au respect de droits fondamentaux que nous proclamons… ailleurs, c’est sous-entendre que l’effacement de la présence chrétienne va dans le sens de l’Histoire, c’est faire preuve de complaisance à l’égard d’une religion dont l’intolérance et la violence sont en contradiction avec les valeurs que nous sommes censés défendre.
L’histoire des religions les fait traverser des phases contrastées, des périodes de grande culture et des épisodes de répression mentale. La pratique religieuse varie beaucoup dans le temps. Beaucoup de Musulmans vivent leur appartenance confessionnelle comme le respect d’un certain nombre de rites et de règles, la participation à des fêtes communautaires, l’obéissance à des valeurs morales qui ne sont pas incompatibles avec l’intégration. Néanmoins, dans les sociétés dont toute l’évolution a été orientée par le Christianisme, l’affirmation de la supériorité politique de la communauté religieuse sur la Nation, la contestation des Lois, le prosélytisme de combat ne sont pas acceptables. Un laïcisme superficiel a aujourd’hui tendance à dire que toutes les religions se ressemblent, que l’Islam est une religion de paix et de tolérance, qu’elle a offert un modèle inégalé d’ouverture d’esprit dans l’Andalousie de Cordoue. Cette bouillie intellectuelle pour enfants incultes omet la radicale opposition de trajectoire entre le Christianisme et l’Islam. Entre Celui qui proclame que son Royaume n’est pas de ce monde, qu’il faut rendre à César ce qui lui appartient, et qui a subi avec la crucifixion la pire des violences, et un chef de guerre qui a créé un Etat théologico-politique par la force, il n’y a rien en commun, sinon qu’on les rattache au Livre. Mais le Dieu des Chrétiens, celui du Nouveau Testament, fait du Christianisme une religion où le rachat des hommes l’emporte sur leur punition. C’est là une dimension absolument originale. De même, la séparation entre le temporel et du spirituel, la supériorité de l’esprit sur la lettre ouvrent la voie à la démocratie politique et à l’autonomie personnelle. Que dans son parcours, la religion chrétienne ait pu prendre d’autres visages sous le poids de la nature humaine n’enlève rien à la force du message.
La plupart de nos dirigeants actuels semblent ignorer ce qu’ils doivent au Christianisme. Cet héritage qui les a conduits à exiger aujourd’hui le respect des Droits Humains devrait les pousser doublement à défendre ces communautés religieuses qui, envers et contre tout, malgré la dhimmitude, l’impôt et les massacres, ont su préserver leur foi. Leur diversité même, au gré des débats byzantins et des conciles, est un trésor de l’humanité, une preuve de la primauté de l’esprit. La plupart se considèrent comme des Arabes. Ils s’affirment Chrétiens. Ne pas tout faire pour qu’ils puissent vivre leur foi et pratiquer leur religion chez eux, c’est trahir les valeurs que nous prétendons défendre.
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