samedi 30 août 2014
A La Rochelle, les socialistes en perte de repères
A peine remis de la crise politique qui a ébranlé le gouvernement, les socialistes ont fait leur rentrée vendredi à l’université d’été de La Rochelle. Certains dirigeants ne cachent pas leur désarroi.
Le constat vient d’un ponte de la majorité : "Tout part en vrille. En une semaine, il y a eu un enchaînement de conneries. Tout le monde en veut à l’exécutif." La rentrée des socialistes à La Rochelle est amère. Difficile de se remettre de la crise politique qui a secoué le gouvernement quatre jours plus tôt. Personne ne s’attendait à voir Arnaud Montebourg et Benoît Hamon quitter ainsi le gouvernement. "C’est un énorme gâchis", concède un proche du Premier ministre. "On se tire des balles dans le pied tous seuls", soupire un député. La parenthèse est désormais fermée et les leçons ont vite été tirées. Plus une tête ne doit dépasser. "Finies les tergiversations, on n’a plus le droit", prévient un proche de Manuel Valls. "Il faut qu’on revienne à la sérénité", plaide un ministre, sans avoir l’air de trop y croire.
Sur la forme comme sur le fond, les départs de deux ministres de l’aile gauche du PS ont rebattu les cartes. L’arrivée d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie suivie de la déclaration d’amour de Manuel Valls aux entreprises devant le Medef a relancé le débat sur la ligne incarnée par le gouvernement. Sociale-démocrate ou sociale-libérale? "Manuel Valls a clairement une ligne sociale-libérale", tranche une ministre, qui a du mal à se reconnaître dedans. "C’est un faux débat, il est social démocrate", répond en écho un proche du Premier ministre. Le patron du parti, Jean-Christophe Cambadélis a choisi son camp : "Le social-libéralisme, ce n'est ni notre langage, ni notre culture, ni notre tradition. Nous pouvons moderniser le pays sans nous renier. C'est la ligne que je défendrai." Le congrès du Parti socialiste, qui pourrait avoir lieu courant 2015, permettra de trancher la question. Et de connaître les poids de chaque courant au sein du PS. Les frondeurs, les aubryistes, les hamonistes, les amis de Pierre Moscovici sont autant de sensibilités qui veulent peser dans le débat. Chaque courant se réunit de part et d’autres de La Rochelle.
Dans ces conditions, Jean-Christophe Cambadélis tente comme il le peut de tenir la boutique socialiste. "Il est temps que les socialistes sortent de l’entre soi, de leur bulle", a-t-il lancé vendredi lors d’une conférence de presse. Le premier secrétaire a annoncé des états généraux du parti, qui se tiendront jusqu’en décembre. "Nous allons changer l’organisation de fond en comble", a-t-il prévenu. "S'il faut surmonter nos difficultés, il ne faut pas tuer le débat. Le PS reste un lieu de débats", a assuré le patron de la rue de Solférino, à ceux qui en doutaient. "La vertu de ces états généraux, c’est qu’il n’y a pas de vote derrière, donc ça permettra d’aller au bout des discussions", espère un ministre.
Dimanche, dans son discours de clôture, Manuel Valls devrait appeler à l’unité et au rassemblement. Le Premier ministre pourrait annoncer des mesures pour le pouvoir d’achat. "Il va causer aux Français, redonner du sens et de la cohérence à une politique de gauche raisonnable", explique-t-on dans l’entourage du chef du gouvernement. Plusieurs ministres resteront pour l’écouter. Certains feront même l’aller-retour de Paris. "Je n’avais pas prévu de venir mais vu la période, il me semble utile que des membres du gouvernement soient là", explique une ministre. Un autre quittera la Rochelle dès le samedi soir : "Il y aura les fayots, ça suffit."
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